QUAND SEXISME ET HOMOPHOBIE NE FONT PLUS QU’UN
Pour les deux ans de son titre, Angèle est revenue sur Ta Reine. Une occasion pour certaines militantes LGBTQIA+ de parler du sexisme racine de l’homophobie. Marie, l’une d’elles, témoigne.
« Mais tu voudrais qu’elle soit ta reine ce soir, même si deux reines c’est pas trop accepté. » Alors que son tout premier album, désormais certifié disque de diamant, a été un véritable coup de projecteur pour la jeune artiste belge, Angèle revient sur un de ses titres. Comme une célébration anniversaire, elle s’est confiée sur Ta Reine dans une story Insta à l’occasion des deux ans de la chanson. Elle aborde notamment l’importance de ce titre à ses yeux, mais aussi l’écho qu’il a eu auprès de ses fans.
« Il y a deux ans, un soir de début d’été à Bruxelles, j’ai écrit cette chanson sur ce piano. Et ça fait longtemps que je ne l’ai plus chantée alors je ne me souviens plus de mes propres paroles. Elle a toujours autant d’importance pour moi, parce que ça m’a beaucoup aidée de l’écrire. Et franchement, ça a été une chance immense de pouvoir m’exprimer comme ça en chanson. Et puis de savoir que d’autres aussi. Ça, c’est une méga consécration ».
Angèle, dans une récente story Instagram
Quand sexisme et homophobie se confondent
Bien qu’elle n’ait encore affiché aucune étiquette quant à sa sexualité, Angèle se positionne souvent en faveur de la lutte LGBTQIA+, mais aussi en tant que féministe. Une « chose nécessaire » pour Marie. La jeune étudiante, admirative de la chanteuse, est lesbienne. « Un bien vilain mot« , souligne-t-elle en riant. En effet, Marie, 22 ans, mène déjà une vie de militante engagée. Pour elle, le monde évolue, l’homosexualité se démocratise, mais uniquement lorsqu’il s’agit de deux hommes. « Là aussi, ou plutôt là encore, il y a du sexisme. Comme si ce n’était pas assez difficile de ne pas être hétéronormée, il faut en plus que l’on nous barre d’obstacles. Pourquoi deux femmes ensemble ça choque tant que ça ? Pourquoi ce n’est pas rendu aussi visible que deux hommes ? », s’interroge-t-elle, très agacée.
« Je crois qu’il n’y a pas de bon genre pour être gay, quoi qu’il en soit c’est difficile. Mais là où on amputerait stupidement deux hommes d’une masculinité imaginaire façonnée et forcée par la société, on assimile deux femmes à un film de cul. » Marie s’arrête un instant, comme blessée par ses propres mots. La jeune femme semble frappée en plein visage par la réalité qu’elle dépeint une fois de plus. Habituée de ce discours, elle n’en est pourtant pas à son coup d’essai. « Je répète ça à chaque mobilisation, chaque discours, chaque manifestation, mais je ne m’y ferai jamais. Rien ne change à ce sujet, jamais. C’est une très bonne chose que quelques personnes médiatisées s’engagent en faveur des femmes gay.«
Marie se dit « affligée » par le manque de visibilité donnée aux couples lesbiens. « Déjà, deux femmes ensemble sont assimilées à un fantasme macho et hétéronormé, par conséquent elles n’ont pas d’autre image. Elles ne sont pas vues comme un couple normal, elles ne sont même pas vues du tout ». Pour illustrer son propos, la jeune femme conclut sur une question. « Je suis sûre que vous remarquez, même inconsciemment, les couples d’homosexuels que vous croisez dans la rue. Croisez-vous beaucoup de couple de femmes ? »
Article de Aurélie Rodrigo