POURQUOI LA VIE SENTIMENTALE DES CÉLÉBRITÉS NOUS PASSIONNE-T-ELLE AUTANT

On les suit avec assiduité, on les dissèque entre ami·e·s, on les pleure (presque) lorsqu'elles se terminent : qu'est-ce qui fait qu'on s'attache à ce point aux histoires des artistes et gens connus de ce monde ?

C’est officiel. Jennifer Lopez et Ben Affleck sont de nouveau ensemble. La rumeur courait depuis avril, l’escapade dans le Montana en mai l’a nourrie, les images de leur baiser en terrasse du resto Nobu à L.A., le 13 juin dernier, l’a confirmée. Depuis, les mèmes fusent, les commentaires émus s’enchaînent, les souvenirs nostalgiques des années 2000 remontent à la surface, comme autant de bulles d’espoir quant à une deuxième chance avec notre ex. 

Qu’on vive ces retrouvailles par procuration, ou qu’on soutienne un duo qui nous faisait vibrer pendant notre adolescence, le bilan est le même : les romances des célébrités nous animent. Et si Bennifer ne nous enchante pas plus que ça, il n’y a qu’à penser aux sagas Rob Pattinson et Kristen Stewart, Brad Pitt et Jennifer Aniston, Kim et Kanye, Britney et Justin, voire Kevin et Carla, pour se convaincre qu’on possède un intérêt démesuré pour des histoires qui, au fond, ne nous concernent absolument pas. 

Mais pourquoi, au juste ? Qu’est-ce qui fait qu’on s’envoie, entre potes, avec le cœur qui palpite de chaque côté de l’écran, les dernières infos sentimentales sur deux personnes connues mais qu’on ne connaît pas ? Au nom de quoi débat-on pendant de longues heures au bureau ou en soirée sur l’avenir du couple que forment les héros du dernier blockbuster US qui – quand on y réfléchit deux minutes – sent évidemment l’enfume ? Mystère… ou pas.

Il y aurait une réponse psychologique à cela, et elle tiendrait en un concept qui nous a façonné·e·s plus qu’on aimerait l’admettre : notre obsession pour les histoires à la sauce « ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants ». Argh. 

Une vitrine qui fait rêver

Brad Pitt et Jen Aniston dans Friends
© Warner Bros. Television

« Lorsque nous voyons des couples qui ont l’air vraiment solides, nous ne pouvons pas nous empêcher de romancer leurs relations et de nous investir sérieusement dans leur épanouissement », explique la thérapeute Katherine Smerling à Cosmopolitan UK. « Ils semblent être des exemples concrets de contes de fées, qui illustrent que l’amour vainc tout et que les rêves se réalisent. » 

Un message à l’eau de rose d’autant plus fort qu’il se répand comme une traînée de poudre sur les réseaux sociaux. Certes, on ne prend pas l’apéro tous les jeudis avec ceux qui défraient la chronique – ou les sites people – mais à force de suivre chacun de leurs mouvements en ligne, on commence à avoir l’impression qu’ils font partie de la famille. On assiste aux fiançailles quasi en direct, aux mariages, aux annonces de grossesse, aux baby showers, aux accouchements. La preuve avec la téléréalité, qui a clairement broyé les limites de la vie privée. Ou juste avec Chiara Ferragni et Fedez, et leur (mémorable) cliché de la naissance de leur fils qu’on croirait réalisé pendant la poussée.

Divertissant (flippant ?) en apparence, beaucoup moins quand l’histoire bat de l’aile. Car aussi épanouis paraissent ces sujets de convoitise et d’admiration depuis le fond de notre lit un dimanche soir, leur quotidien à elles et eux, n’est pas aussi bucolique qu’on pourrait le croire. « Notre culture a élevé les célébrités au point qu’on les pense parfaites », explique la spécialiste, « nous avons oublié qu’elles vivent des émotions et des problèmes réels ». 

Des déceptions, des coups de mou, des engueulades… Même Emily Ratajkowski a sûrement déjà été ghostée une fois dans sa vie, si si. Et Blake Lively et Ryan Reynolds se prennent certainement la tête à cause du sens des couteaux dans le lave-vaisselle. Ou de la manie de l’un·e de toujours couper la parole à l’autre. Rien de très glamour, et pourtant : ce sont les qualités et défauts les plus humains et banals qui consolident ou font éclater ces couples. Critères qu’on a tendance à oublier, quand il s’agit de personnalités. 

A ce sujet…

Quand leur coeur ne fait plus boum, le nôtre morfle

Parfois, les âmes qu’on aurait parié soeurs finissent par se déchirer. Et pour peu qu’on ait un peu trop cru en leur idylle, notre petit cœur de spectateur·rice en prend forcément un coup. La preuve avec les récentes annonces de Cole Sprouse et Lili Reinhardt (à l’affiche de Riverdale), qui déclaraient que leur couple n’avait pas survécu au confinement. Comme on les comprend. Et en même temps, comme on est déçu·e·s.

Mais ce n’est pas tout. L’autre danger de se focaliser et d’idéaliser ce genre de relations, c’est de finir par les prendre pour des buts à atteindre – on en revient aux contes de fées, dont la version 2.0 pourrait être incarnée par le hashtag #couplegoals balancé à tout va. Et par comparer tout ce qui nous arrive à ce que vivraient ces stars, ou en tout cas, à ce qu’on projette de leurs amours. 

« En utilisant les célébrités comme étalon de mesure de vos propres relations amoureuses, vous risquez de vous détourner des bonnes relations qui ne semblent pas aussi ‘parfaites' », prévient Katherine Smerling. A noter qu’avec les 18 derniers mois qu’on vient de passer, clairement claqués au sol en termes de dating, autant garder toutes les chances de notre côté pour ne pas foirer notre chance de rencontrer quelqu’un (si on le souhaite). Et donc, éviter de se laisser aveugler par les paillettes made in Hollywood.

Finalement, comme toutes les bonnes choses, notre petite obsession pour la vie sentimentale des célébrités doit avoir une fin. Enfin, pas si elle reste récréative : il n’y a rien de bien méchant à poursuivre ce rituel croustillant, en piétinant par exemple d’impatience à l’idée de savoir un jour la raison de la dispute entre Beyoncé, Solange et Jay-Z dans l’ascenseur du Met. On s’en méfie plutôt lorsqu’elle commence à influencer la façon qu’on a de se voir soi-même, ou de juger trop vite celui ou celle qu’on hésite à laisser entrer dans notre vie. 

Alors, se réjouir de l’avenir commun de J-Lo et Ben Affleck, sans hésiter ; se promettre qu’à leur image, on doit se rabibocher avec celui qui nous a fait cocu·e dans un strip-club miteux il y a des années, pas tout à fait.

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