PAYE TA FAC, LE TUMBLR QUI DIT NON A LA BANALISATION DU SEXISME A L’UNIVERSITE
“T’as sucé pour réussir ta L2?” s’exclame un enseignant à l’Université de Toulouse auprès d’une de ses étudiantes. Tandis qu’un professeur de Sciences de l’ingénieur conseille à une de ses étudiantes pour les TP du concours: “Pour vous, pas la peine de savoir, il suffit que vous veniez habillée en fille.” Et lorsqu’un autre commence son cours de droit à l’Université Paris I Panthéon-Sorbonne en se désolant “Dommage que Martine ne se soit pas mise au premier rang aujourd’hui, son décolleté me manque.”
Rassembler un maximum de témoignages sur le sexisme ordinaire et sur le harcèlement sexiste au sein des universités et des écoles. C’est le défi relevé par Paye ta Fac. Ce blog, né le 22 décembre dernier, est le travail de six étudiantes et d’un étudiant en Master Stratégie du développement culturel, mention Public de la culture et communication, de l’Université d’Avignon. Dans le cadre d’un cours encadré par Marianne Alex, intervenante sur les questions d’égalité femmes-hommes, les étudiants ont ainsi crée plusieurs projets pour dénoncer le sexisme à toutes les échelles de la société. Avec Paye ta fac, le but est de nommer le harcèlement pour parvenir à faire prendre conscience d’un problème quotidien, en collectant un maximum de témoignages de sexisme ordinaire. Tout le monde peut publier sur le blog, sans exception.
Ce dernier recense déjà plus d’une centaine de témoignages relatant de l’humour obscène, des propos pervers et machistes, des théories sur la supériorité intellectuel des hommes par rapport aux femmes ainsi que des situations de harcèlements sexuels. Tant d’atrocités qui rythment le quotidien de nombreuses étudiantes et professeurs en France, qui se sont reconnues dans le projet de Paye ta fac.
Paye ta Fac est inspiré par le Tumblr Paye ta shnek, créé en 2012 par Anaïs Bourdet pour dénoncer le harcèlement de rue. En quelques jours, son blog avait fait le tour de la France. Aujourd’hui, il compte des milliers de témoignages venant de toute la France, de pays francophones et même d’Angleterre, d’Espagne ou encore d’Argentine. Cinq ans après l’émergence de Paye ta shneck, les sites recensant des témoignages sur le sexisme ordinaire subit par les femmes, ne cessent de fleurir sur internet. De Paye ta robe, qui recense le sexisme dans le monde des avocats, à Paye ton journal, dans le monde des médias, en passant par Paye ton taf, qui évoque tous les milieux professionnels.
Paye ta fac est une initiative pleine d’espoir et de féminisme, qui nous laisse penser qu’à force de se battre, un jour peut-être, on arrêtera de se payer notre tête!
Article de Maureen Alibert