“LIBÉREZ MA PILULE”, A QUAND LA PILULE SANS ORDONNANCE ?
Parce qu’il suffit d’une fois. Que vous ayez oublié de la glisser dans votre valise avant de partir en vacances ou de prendre rendez-vous chez votre médecin… La pilule peut engendrer de nombreuses contraintes au quotidien. Parmi elles, sa prescription.
Autant de raisons qui ont poussé le collectif de pharmaciens, associé au Planning familial et à des militantes féministes, à lancer une pétition pour autoriser la vente de pilules contraceptives sans ordonnance. “Il est regrettable de constater qu’en Europe et en France cette avancée pour le droit des femmes à disposer d’un accès facilité à la contraception est au point mort”, peut-on lire dans une lettre ouverte adressée aux laboratoires pharmaceutiques français.
Moyen de contraception le plus utilisé en France, la pilule ne peut être prescrite que par un médecin généraliste, un gynécologue ou une sage-femme. Un système source de nombreuses inégalités. Délais des rendez-vous chez le gynécologue, coût financier, déserts médicaux ou peur de consulter un professionnel de santé… Autant de facteurs qui rendent l’accès à la pilule contraceptive difficile pour certaines femmes.
Une situation d’autant plus étonnante que le collège américain des Gynécologues Obstétriciens encourage la vente de pilules contraceptives sans ordonnance. “Il soulignait ainsi l’existence d’un grand nombre de preuves montrant que les femmes sont capables d’évaluer si l’utilisation de la pilule contraceptive est possible en répondant à un questionnaire avec l’aide d’un pharmacien”, explique la pétition disponible sur change.org.
Bien que commercialisé depuis 1967, de nombreuses idées reçues sur ce contraceptif continuent à circuler. “La prescription d’une pilule contraceptive ne nécessite ni le dépistage d’une IST (infection sexuellement transmissible) ni le dépistage d’un cancer du col de l’utérus ou du sein. Quant au risque d’embolie, il est très inférieur à celui qu’encourt une femme enceinte”, précisent les gynécologues américains.
Comment se passerait la vente sans ordonnance ? Cette initiative s’appliquerait pour une première prescription ou en cas de renouvellement. Seule certaines pilules progestatives (sans oestrogène) pourraient être délivrées après un entretien avec votre pharmacien pour vérifier les contre-indications éventuelles.
Cette proposition, soutenue par Laurence Rossignol, ministre des Familles, de l’Enfance et des Droits des Femmes, permettrait à la France de rattraper son retard en la matière. Brésil, Mexique, Turquie, Espagne, Russie… La pilule sans ordonnance est une réalité dans de nombreux pays. Le collectif a ainsi fixé une date butoir symbolique aux agences française et européennes du médicament: le 8 mars 2018. Journée Internationale des Droits de la Femme.
> Article de Caroline DRZEWINSKI