« CON-FINI, LE VIRUS QU’ON DOIT ÉVITER À TOUT PRIX »

Nous voilà confiné.es depuis plusieurs semaines et tandis que chacun se voit contraint d’adapter sa routine à un espace délimité, la distanciation sociale lève plus d’une question autour de l’humanité. Du calme à la panique, du rire aux larmes, chacun.e d’entre nous apprivoise cette étrange phase de la vie avec un regard différent. Penser à soi, aux siens, se replier sur son nouveau quotidien jusqu’à en oublier notre responsabilité aujourd’hui. Oui, nos actions, même les plus insignifiantes et virtuelles, peuvent impacter notre société actuelle.

« Je ne pointe du doigt personne, je regarde le nombre de personnes malades grimper, les décès se multiplier et les courageux.ses en première ligne souffrir un peu plus tous les jours. Pendant ce temps, on parle argent, cuisine, vacances d’été annulées, pénurie de farine donc de “pâtisserie” et on en oublie la difficulté des plus démunis. Si ces paroles vous gênent et qu’un point d’interrogation s’installe bien au-dessus de mon front au moment où je vous parle, sachez que j’ai commencé moi-même par me questionner : qui suis-je pour tenir ce discours et donner une quelconque leçon de vie à qui que ce soit ici ? Moi qui ai ri du coronavirus, il y a quelques mois. Il m’aura fallu réfléchir, observer, pouffer, féliciter, puis déglutir face à la bêtise des réseaux sociaux et aux comportements inconscients de certain.e.s compatriotes pour oser poser des mots sur ce que je ressentais. Des échanges avec la fondatrice de Paulette Magazine, Irène, pour savoir quels messages vous partager et quelles maladresses je devais – en tant que plume de Paulette – éviter. Et quand bien même, je sais que ça ne suffit pas car l’avenir est bien trop incertain pour faire le moindre plan sur la comète. Ceci est un un appel à la conscience collective et une requête que l’on doit aux nôtres, à nos prochain.e.s et surtout à nos ancêtres.

Moi, toi, nous et vous les premier.e.s, on a forcément déjà dérapé. Le tout est de réaliser quand on frôle l’absurdité. Exemple : j’ai dit que manger des huîtres dans le 18ème me manquait, puis j’ai eu honte. Chacun est entouré d’un décor très différent et nous sommes de nature à l’oublier ; une alarme qui m’oblige à me secouer la tête chaque jour et à me remémorer que je fais partie des privilégié.e.s. Le confinement ne nous empêche pas de travailler chez Paulette et nos plateformes digitales n’ont jamais été plus animées. Évidemment, chacun a besoin de s’occuper et les smartphones / tablettes / ordinateurs et télés sont sur-utilisés. En première ligne pour rythmer nos échanges et émotions quotidiennes : les réseaux sociaux. Instagram, Facebook, TikTok et autres canaux de diffusion rassemblent des millions de personnes chaque jour et parmi la plus grosse tendance du moment, partager son confinement. Fierté de ses activités, besoin d’interactions ou simple réflexe d’avant que l’on voit perdurer… Les stories notamment nous apparaissent comme de mini-web séries à regarder. En un clic et moins d’une seconde, nous pouvons provoquer un fou rire “qui fait du bien” à un.e autre ou lui partager une information (une actualité, une idée de livre, de workshop ou musique) qui pourrait l’aider voire l’inspirer. Or, ces photos et vidéos peuvent aussi lui rappeler la dureté de son confinement, son manque d’espace ou son manque de moyens financiers. La crise qu’il connaissait déjà et qui va empirer.

Nous risquons aussi de blesser le personnel soignant, qui défend les nôtres et s’expose au quotidien sur le front. Et qu’en est-il des hommes et femmes qui travaillent pour nous permettre ces nécessités dont nous avons toujours abusées ? Supermarchés, commerces encore ouverts et activités qui ne peuvent simplement pas s’arrêter. Les autorités, les chercheurs et toutes celles et ceux qui sont mobilisé.e.s. Qui n’ont plus du tout envie d’y aller, et préféreraient se confiner avec leurs proches, qui continuent la bataille et ne demandent qu’un peu de respect. On continue de consommer, on se permet des Drive au supermarché – des livraisons et on va jusqu’à penser qu’il serait malin de le partager accompagné d’un GIF dégueulasse et d’un hashtag inapproprié. 

Laissez-moi être honnête : j’ai déjà vrillé sur Amazon et j’ai aussi eu recours au pick-up de courses. J’ai paniqué aux prévisions de mon compte en banque et j’ai fait mine de comprendre la chute des marchés boursiers. Sauf que je n’ai aucune qualification pour tenir un discours à ce sujet ou la moindre connaissance économique pour me vanter de cette légitimité.

Ce que je sais, et dont je suis certaine, c’est qu’il y a bien des petites choses que l’on peut mettre en place chacun de son côté. À défaut d’être bénévole, de faire partie d’un personnel en première ligne ou de pouvoir aider directement le monde à traverser cette crise sanitaire, commençons par agir avec bienveillance, même coincé.e.s les yeux rivés sur nos écrans. Prendre garde aux mots que l’on partage, à la maison et sur les Internets. Il est temps de faire preuve d’un comportement raisonnable, pas de culpabiliser ni de toucher, même innocemment, celles et ceux qui ne vivent pas la même chose que nous. Chaque être humain, en ce moment, connaît une expérience unique – qu’elle soit invivable, médiocre, correcte ou qu’elle ressemble au club med. Respectons-nous et faisons preuve de retenue pour s’assurer une solidarité plus forte que jamais. 

Qu’il s’agisse d’un achat, d’une story invasive et déplacée ou d’un post sur les réseaux sociaux, cette guerre ne pourra se mener sans moins de cœurs que la maladie si l’on ne s’accroche pas à ce devoir civil. À l’attention d’un.e voisin.e, d’un.e follower.se ou d’un.e étranger.e à l’autre bout du globe : nous devons ensemble nous réconforter, nous partager des messages positifs et encourageants pour éduquer le monde à un avenir meilleur. Inspirez-vous et revenez, si vous en avez la chance, le désir et la possibilité, à des choses simples. Pour vous et pour les autres. Aimez-vous, partagez-le ou gardez-le pour vous : utilisez votre pouvoir de persuasion pour aider et stimuler celles et ceux qui en ont besoin. »

Une chronique signée Margaux Rouche

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