Retour sur 6 labels émergents qui ont marqué la Fashion Week de Paris SS24
La Fashion Week de Paris s’est achevée ce mardi 3 octobre, mais les marques Avellano, Germanier, Maitrepierre, Miaou, Peter Do et Vaillant Studio ont su laisser une empreinte indélébile dans la capitale.
Tour à tour, dans un timing toujours plus serré que jamais, ces six marques, très variées en termes de style, ont réussi leur rentrée lors de la semaine la plus importante de l’année. Focus sur leur savoir-faire et leurs engagements.
Avellano ou le travail de la matière
Pour cette cinquième collection, la marque spécialisée dans l’utilisation d’un latex hybride, pousse ses expérimentations plus loin puisque son designer, Arthur Avellano, a pu choisir les teintes du matériau contrairement aux collections précédentes. Avoir la main sur les couleurs revient aussi à décider de l’opacité et de la transparence du matériau. C’est ainsi que les manteaux façon trench-coats et les robes arborent une tonalité dramatique qui donne à la collection une saveur inédite, quand les pièces transparentes effet seconde-peau rappellent la belle saison. Avec cette collection, Avellano prouve l’étendue de ses techniques de fabrication. Les pièces sont d’ailleurs encore faites à la commande à Paris, en fonction du client. Si l’échelle réduite des ateliers de la marque est une volonté du fondateur, il lui faudra bientôt voir un peu plus grand, le succès de la marque étant grandissant.
Germanier, une collection haute en valeurs
Inscrite au calendrier de la Fashion Week de Paris, la marque Germanier a dévoilé une collection haute en couleurs appelée « Les Venimeuses », en référence aux animaux et aux insectes. Elle est la « favorite » de Kevin Germanier depuis la création de la marque en 2018. Comme pour représenter la diversité du monde animal, les matériaux utilisés sont très variés — comme le tulle et le latex — et proviennent tous de dead stocks, notamment issus de Nona-source, une plateforme de récupération de tissus de grandes maisons gérée par LVMH. Sur les dernières publications Instagram de la marque figurent d’ailleurs le hashtag #upcyclingking. Cet engagement en faveur de l’environnement mais aussi en faveur des personnes en difficulté — aux côtés de Gustavo Silvestre, un artiste brésilien engagé — est clairement affiché sur les réseaux sociaux de la marque qui cherche à être transparente.
Maitrepierre ou l’art de réconcilier le passé et le présent
Avec « Metamorphosis », Alphonse Maitrepierre signe une collection pleine de nuances. Pour figurer sa thématique, la marque, fondée en 2018, choisit de communiquer autour du symbole du papillon. Durant le défilé, les silhouettes oscillent entre des tons neutres et des motifs vifs. Pas seulement colorimétrique, cette opposition porte une réflexion sur « l’évolution au travers des cycles ». Toujours à l’image du papillon, la dernière silhouette du défilé construite autour d’une robe rouge drapée rappelle une chrysalide. Si elle clôture bien la présentation de la collection, elle devient aussi une invitation pour se réinventer. Maitrepierre ré-utilise d’ailleurs des tissus issus de dead stocks pour confectionner ses collections qui sont assemblées à Paris.
Miaou parle à la Gen Z
Créée en 2016 par la française Alexia Elkaim, Miaou organisait son deuxième défilé cette saison. Déjà populaire sur les réseaux sociaux, cette entrée dans la cour des grand·es est un nouveau défi pour la marque d’abord connue pour ses corsets. Si elle continue de les produire, elle explore cette saison, le domaine du sport avec des maillots de bain colorés avec bonnet de bain assorti, short de basket, serviettes et planche de surf. En incorporant des pièces signées Adidas, Miaou renforce encore l’esthétique sportswear. Intitulée « GO », cette collection fait aussi écho aux courses de voiture, à l’image des premiers Fast & Furious : les shorts sont minis, les bottes sont hautes et à talons, quand les maillots de sport sont portés de manière décalée. En s’associant avec la marque italienne Gia Borghini adepte des collaborations, Miaou s’attaque à un marché encore inconnu pour elle, celui de la chaussure.
Peter Do, un baptême du feu parisien
Après sa nomination à la tête de la direction créative d’Helmut Lang et un premier défilé en demie teinte durant la Fashion Week de New-York, Peter Do présentait la nouvelle collection de sa marque éponyme. Pour célébrer cette première dans la capitale française, le créateur a choisi de nommer très sobrement sa collection : « Paris ». Véritable hommage à l’artisanat français, le tailoring de cette collection a été poussé à son paroxysme. Peter Do cherche à proposer des essentiels aux coupes travaillées : les pantalons de costume sont tantôt fendus le long de la jambe, tantôt parés de bandes de soie à la taille, les vestes courtes n’en sont pas moins structurées. Aux silhouettes du défilé, se mêlait le fruit de sa collaboration avec l’enseigne Banana Republic. Sur plusieurs fronts, Peter Do maximise les chances de conquérir le public et la critique. C’est chose faite à Paris.
Vaillant Studio, un triomphe en strass et dentelle
Sans être inscrite au calendrier de la semaine de la mode parisienne, Vaillant Studio est parvenu à créer l’événement lors de son défilé mis en musique par la DJ RONI, au sixième étage du Centre Georges Pompidou. Intitulée « Beaubourg », cette nouvelle collection conserve sa dentelle — signature — qui provient de dead stocks, tout en se prêtant au jeu du déséquilibre : les mini shorts côtoient les sacs XXL, les pièces d’extérieur sont associées à des culottes, une brassière ou des bas, les jupes et les robes sont portées sur des pantalons. Si la collection est assez festive, cela se confirme à la fin du défilé par l’entrée de pièces couvertes de strass signés Swarovski. Sur une vidéo récente partagée par la marque, se succèdent strass puis dentelle, peut-être le message d’un nouvel élément signature chez Vaillant Studio, marque fondée par Alice Vaillant, fraîchement lauréate du Prix Émergent des Grands Prix de la Création de la Ville de Paris 2023.
Article de Julie Boone