Pour sa 38ème édition, le Festival de Hyères sacre le belge Igor Dieryck
Le Festival international de mode, de photographie et d’accessoires de Hyères ouvrait ses portes le week-end dernier pour la 38ème fois. Retour sur un événement de renom qui fait de la Villa Noailles un haut lieu de création.
Un coup d’envoi réussi pour une édition anniversaire à la Villa Noailles
Le 12 octobre a officiellement eu lieu la cérémonie d’ouverture du 38ème Festival international de mode, de photographie et d’accessoires qui a lieu chaque année dans la ville de Hyères. Crée en 1986 par Jean-Pierre Blanc et présidé par Pascale Mussard, le festival promeut et soutient depuis lors les jeunes créateurs et créatrices de mode du monde entier. Avec son succès, le festival s’est progressivement ouvert aux photographes émergent.e.s et depuis peu aux créateurs et créatrices d’accessoires. Grâce au soutien de ses fidèles partenaires, entre autres CHANEL, le 19M, Première Vision, LVMH, Hermès, American Vintage, la Fédération de la Haute Couture et de la Mode, le Défi, Galeries Lafayette, L’Atelier des Matières, Mercedes-Benz, les lauréat.e.s de chaque prix sont récompensé.e.s par des dotations effectives pendant deux ans qui comportent notamment une assistance juridique, éditoriale, une aide à la production, en plus de l’aide attribuée à chaque candidat·e dès sa sélection au concours.
Ce festival est donc loin d’être seulement une histoire de quelques jours, autant pour les créateurs et créatrices que pour les visiteur·ses qui pourront accéder aux expositions jusqu’au 14 janvier 2024. Iels pourront contempler la revisite du radeau de la méduse appelée Le Chaos, par Charles de Vilmorin dans la salle de l’ancienne piscine de la Villa Noailles, un des lieux du circuit du festival. Les créations de bijoux d’Alan Crocetti, présentées sous les termes Body Politics, seront également visibles jusqu’en début d’année prochaine. Au même titre que Vessel par Luis Alberto Rodriguez qui propose une série de photographies cherchant à représenter le corps comme un lieu d’expérimentations.
Un jury d’exception et des candidat·es talentueux·ses
Charles de Vilmorin, ancien directeur artistique de la maison Rochas, artiste multidisciplinaire et designer de mode, a présidé le jury du concours de mode. À ses côtés, les autres membres du jury qu’il a lui-même nommés étaient tous·tes très éclectiques. Parmi elleux, figuraient l’animatrice Daphné Bürki, le chanteur Pierre de Maere, Babeth Dijan, fondatrice de Numéro magazine, l’artiste Bilal Hassani, la photographe Alice Moitié ou encore Jenny Hytönen la lauréate du Prix Première Vision de l’année passée. À l’image de la pluridisciplinarité du festival, ce jury a prouvé que la mode reste un domaine de rencontres, un lieu de croisement.
Parmi les dix finalistes mode, Tiago Bessa et sa « surgery dress », « robe chirurgicale », Fengyuan Dai et ses couvre-chefs façon abat jour, le travail des plis et des motifs de Petra Fagerstrom (lauréate des prix de la collection éco-responsable Mercedes-Benz et L’Atelier des matières), les amusantes silhouettes de super-héros de Leevi Ikäheimo, ont retenu l’attention du jury et du public venu assister aux défilés ce vendredi 13 octobre. Pourtant, c’est le travail d’Igor Dieryck qui a conquis le jury, le public, sans oublier la rédaction de PAUL·E, puisqu’il figure dans le dernier numéro papier intitulé BOLD.
Igor Dieryck, un talent à suivre
Après avoir décroché son diplôme de Master de mode à l’Académie royale des beaux-arts d’Anvers en 2022, Igor Dieryck est ensuite entré chez Hermès en tant que designer junior du prêt-à-porter Homme. À Hyères, il y a montré sa collection de fin d’études, intitulée « YESSIR », qui rend hommage aux personnels des hôtels, « ceux qui, trop souvent, sont ignorés et occultés par un système qui ne leur laisse pas la place d’être puissants ». Si le sous-texte de sa collection est politique, elle n’en reste pas moins amusante puisqu’elle met en scène toutes les personnes susceptibles de se croiser dans le hall d’un hôtel : journaliste, réalisateur·rice, médaillé·e olympique, dessinateur·rice de bandes dessinées, comédien·ne, dentiste… Saluée pour la précision de son tailoring, cette collection a eu un effet sur le public car elle est aussi très pratique. Il est assez facile de se projeter dans les pièces même si certaines restent audacieuses comme la doudoune en plumes jaunes, fruit d’une collaboration avec le fleuriste et plumassier Lemarié.
Après avoir raflé en peu de temps son diplôme et trois prix au Festival de Hyères, la prochaine étape pour le designer belge est la commercialisation de sa collection. S’effectuera-t-elle dans un timing tout aussi effréné ? Réponse, bientôt.
Article de Julie Boone