Ogee : « Mon nouvel EP m’a réconciliée avec la musique »

Océane Guichard, plus connue sous le pseudo Ogee, est influenceuse et chanteuse. Artiste complète, elle vient de sortir son premier EP de manière indépendante, « Black Snow ». C’est un condensé de reprise de chansons de Noël, pour pimper nos playlists traditionnelles. Interview.

Nous sommes le jeudi 15 décembre. Sa reprise live de la musique Jardin d’Hiver (ndlr, originalement d’Henri Salvador) vient tout juste de sortir et, surtout, son EP Black Snow sort le soir même, le 16 décembre à minuit. Pile à temps pour les fêtes de fin d’année. C’est dans une ambiance entre excitation et stress qu’Océane nous reçoit chez elle dans la capitale. Son chien, Pops, nous fait la fête lorsqu’on arrive. Tout le long de l’interview (et en fond de notre audio), on l’entend jouer avec le chiot de son agente.

Hello Océane, comment vas-tu ? Aujourd’hui, tu es à la fois chanteuse et influenceuse. Parlons d’abord musique… A-t-elle toujours fait partie de ta vie ?

Coucou Clémence, je vais très bien, merci. J’ai toujours chanté, mais je n’ai pas toujours fait de l’influence ! (rires) Il n’y a pas beaucoup de musicien·nes dans ma famille mais ma maman me faisait écouter beaucoup d’artistes quand j’étais encore dans son ventre. Et depuis toute petite, il y a toujours eu de la musique à la maison. Aussi, j’ai toujours été très curieuse et un peu touche-à-tout, j’ai toujours beaucoup aimé les arts. Mon grand-père a dû sentir la fibre artistique et m’a mis très jeune aux cours de piano et de chant. J’ai un peu tout testé. J’avais notamment quatre ans quand j’ai commencé l’opéra… Je suis contente qu’il l’ait fait parce que c’est là, je crois, que c’est vraiment parti. Je pense que ça a beaucoup ouvert mon esprit à la musique. Même si, le solfège, ce n’est pas rigolo quand on commence, j’ai aujourd’hui une oreille musicale qui m’a permis d’apprendre la guitare et le ukulélé en autodidacte. C’est un vrai bagage qui m’aide, ça m’a donné plein de techniques. Pour moi, c’est hyper important de faire écouter de la musique dès le plus jeune âge.

 

Tu as notamment été connue pour ton passage à The Voice Kids en 2019, puis pour ton passage à The Voice : All Stars en 2021. Tu nous racontes ton expérience ?

Je regardais beaucoup The Voice Kids à la télévision. Pour moi, c’était LE truc à faire absolument pour dire que j’étais chanteuse. Au final, ce n’était pas vraiment le cas, mais c’est comme ça que je le voyais. J’ai passé les castings des saisons 4 et 5 mais je n’ai pas été retenue. Au final, la production m’a rappelée pour la saison 6. J’y suis un peu allée à reculons en me disant que c’était déjà la troisième fois mais, finalement, c’est passé. Ça a été une belle expérience mais ça m’a tout de même appris que je ne voulais pas faire de télévision, que ce n’était pas un univers qui me correspondait. Ce n’était pas très spontané, c’était édité, ça ne reflétait pas forcément qui j’étais. D’autant plus qu’il y a un an de différence entre la diffusion et le tournage ! C’était étrange de revoir les images un an après. Pour The Voice : All Stars, on ne m’avait pas tout de suite parlé de compétition, mais plutôt d’une saison anniversaire pour fêter dignement les 10 ans de The Voice. Emballée et surtout flattée d’être qualifiée de quelqu’un ayant marqué l’émission, je me suis lancée. Finalement, c’était une grosse production, plus stressante que la première fois. Mais ça reste aussi une bonne expérience ! C’était intéressant.

Ogee qui chante avec un guitariste sur sa droite
© Ogee

Ton premier album est sorti à la suite, en décembre 2021. Peux-tu nous en parler ? Avec le recul, qu’en penses-tu aujourd’hui ?

J’étais très contente de pouvoir le sortir et les résultats ont été magiques pour un premier album. Mais il a été fait trop rapidement. Il était question d’un label, de temps imparti… Les méthodes qui ont été utilisées pour l’écrire n’ont pas été les optimales pour moi, mentalement et sur plein de points. Comme ça a été fait très vite, je trouve aussi qu’il manque de fil conducteur. Des fois, les artistes sont un peu mis au pied du mur et on n’a pas trop le choix. Cette partie-là, on ne la voit pas quand on ne connaît pas l’industrie musicale. Je comprends que certain·es s’y perdent un peu à propos de mon style ! Donc il y a eu une énorme frustration qui a suivi sa sortie, une pause de neuf mois sans studio, sans écrire aucune chanson.

 

Tu dis que certain·es s’y perdent un peu dans ton style musical. Mais toi, comment le décrirais-tu ?

Il est éclectique, super large. Parce qu’aujourd’hui, j’ai des inspirations qui sont super vastes ! Jazz, RnB, soul… Tout influe ma musique, de ce que j’écoute aux expériences et rencontres. C’est une thérapie d’écrire, mais encore plus de savoir qu’on peut toucher, aider des personnes. C’est encore plus important. Pendant très longtemps, je pensais qu’il fallait absolument que je me case dans un genre musical en particulier pour qu’on me reconnaisse. C’est ce que l’industrie veut qu’on pense, ce que les radios et médias disent. Mais en fait, je peux choisir ma patte artistique et la rendre reconnaissable autrement. J’ai envie que quand les gens écoutent ma musique, ils se disent : « Tiens, c’est Ogee », sans qu’il y ait forcément mon nom. Petit à petit, c’est ce qu’on essaie de faire. On est en train de se recentrer, et ça évoluera surement dans les années à venir.

 

Après neuf mois de hors des studios, tu sors le 16 novembre ton premier EP, « Black Snow ». Comment te sens-tu ? Quels ont été les retours pour l’instant, notamment avec la sortie de « Jardin d’Hiver » ?

Les premiers retours ont été super positifs sur Jardin d’Hiver. J’avais une petite appréhension sur tout l’EP parce que ce sont des chansons qui ne datent pas d’aujourd’hui et que ma communauté est assez jeune. Et je me sens stressée. Stressée parce que je sais ce que les gens attendent et me demandent depuis un petit moment. Ils veulent des chansons qui viennent du cœur, qui parlent d’amour, de cœurs brisés… Et là comme je sors un EP qui n’est que de reprises de chansons de Noël, du coup, c’est un univers complètement différent. Mais si ça plait, ça va être le point de départ d’une nouvelle aventure musicale pour moi. Parce que là, comme j’étais toute seule et sans label sur ce projet, j’ai vraiment pu explorer une nouvelle branche musicale pas encore exploitée. Et les prochains projets vont être dingues.

Tu l’as dit, « Black Snow » est un projet de reprise de chansons de Noël. Pourquoi ? D’où t’es venue l’idée ?

C’est un truc que j’ai depuis très longtemps en tête. J’écoutais énormément de jazz quand j’étais plus jeune et je suis une grande fan de Michael Bublé et Franck Sinatra. Je me suis battue pour avoir tous leurs vinyles de Noël – jusqu’à aller à Amsterdam pour trouver une édition collector ! Et en fait, tous ces albums, je les écoutais en boucle toute l’année. Un jour, je me suis dit : « Moi aussi j’aimerais faire un album de reprises de Noël ». Le truc, c’est que je ne voulais pas que ça fasse vieillot. Du coup, mon plan c’était de réinventer ces chansons de manière moderne et avec des inspirations RnB, de mettre un coup de frais aux playlists de Noël qu’on écoute depuis des années. Le projet a fait kiffer tout le monde mais on était un peu short niveau timing parce que j’ai commencé à en parler en octobre… Mais on l’a fait. J’en suis fière !

 

Pourquoi c’était important pour toi de sortir un EP sans label, de manière indépendante ?

C’était important pour moi parce que j’avais besoin d’un nouveau départ. Quand j’ai fini mon premier album, j’ai quitté mon label et mon agence. Comme je te l’ai dit, j’ai fait une grosse pause avec la musique. J’avais besoin de cette période où je pouvais bosser avec des gens sans contrainte de temps, où je n’avais personne pour me dire « Ce n’est pas radio » ou « Ça ne rentre pas dans les quotas ». Il n’y avait plus de question de pourcentage, d’argent, c’était juste de la créativité pure. Cet EP m’a réconciliée avec le studio, avec le fait d’écrire des chansons. Le sortir sans label, c’était aussi me prouver que je peux le faire toute seule, que je n’ai pas forcément besoin de quelqu’un. Que ce projet marche ou ne marche pas, c’était déjà un grand pas pour moi. Et c’est tout le travail de création derrière qui est super important et qui m’a réconciliée avec la musique. Après « Black Snow », je vais me remettre à fond dans la musique et faire en sorte que ça prenne plus de place dans mon quotidien. Il y a plein de beaux projets qui vont bientôt sortir, donc j’ai très hâte.

Ogee qui se tient debout contre un pilier
© Ogee

En parallèle, tu as environ 2 millions d’abonnés sur TikTok. Selon toi, qu’est-ce qui t’a permis de te faire connaître, les réseaux ou la musique ? Ou les deux en même temps ?

On a besoin de visibilité en tant qu’artiste si on veut que ça fonctionne, alors en soit les réseaux sociaux ne me bloquent pas dans ma carrière. Au contraire, je pense que ce sont eux qui ont fait toute mon image aujourd’hui. Je n’aurais pas eu de chansons à 5 millions d’écoutes si je n’avais pas eu ces gens derrière moi ! Ça a tout boosté. Je les vois comme deux choses complémentaires, en plus, parce que ce n’est pas le même métier. J’ai commencé les réseaux sociaux à 15 ans, j’y suis franche et ouverte, je parle de ma vie et de santé mentale, je défends aussi beaucoup les femmes… Moi j’aime juste beaucoup parler, partager. Quand j’ai compris que j’avais une voix qui portait et que je pouvais en profiter pour l’utiliser, je me suis concentrée là-dessus. D’ailleurs, après mon bac (ndlr, qu’elle a passé en candidat libre pour se focaliser sur ses projets), je n’ai pas continué les études. Et aujourd’hui, je vis très bien grâce à l’influence. Je ne me verrais pas arrêter puisqu’on travaille sur des belles campagnes et qu’on fait attention aux marques avec lesquelles on signe.

Par contre, j’ai toujours essayé de ne pas me perdre dans l’entre deux influenceuse-chanteuse là où, parfois, certain·es ne comprennent pas et se disent « Encore une influenceuse qui fait de la musique ». Il y beaucoup d’a priori. Ou au contraire, certaines personnes comprennent trop bien. Je ne veux pas non plus qu’on me propose de travailler parce que je suis suivie sur les réseaux. Je veux qu’on me contacte parce que je suis musicienne et que je fais de la bonne musique. Petit à petit, la crédibilité se forme. Je ne regrette donc ni l’un ni l’autre. C’est compliqué de lier les deux, mais je suis contente de le faire.

 

Ton travail sur tes réseaux, c’est aussi beaucoup de mode et de rapport à l’image. Peux-tu nous en parler ?

Quand j’ai commencé les réseaux, je ne connaissais pas trop ceux-ci ni le milieu de la mode. En tant qu’artiste, je me suis dit que c’était important de me construire un univers. On a beau dire, l’image peut être très importante. Petit à petit, je me suis prise au jeu, ayant toujours aimé m’habiller et jouer de mon image. Maintenant, je suis une grande passionnée de mode et d’art et ça a commencé à prendre une grande place dans ma vie. Depuis que je suis seule avec mon agente, on a eu beaucoup d’opportunités de bosser avec des marques que j’aime et que j’achète depuis des années pendant la Fashion Week. Petit à petit, ça forme un petit nid très sympa. J’ai pu en profiter pour faire évoluer mon style vestimentaire. Je me suis découvert une passion pour le noir, concrètement. Ça a commencé avec les teintures de cheveux, puis les tatouages. Je ne sais pas ce qu’il s’est passé dans ma tête mais il y a eu un switch. Il n’y a pas eu de déclic ou de chamboulement dans ma vie comme on me le demande souvent… C’est juste comme ça que je me sens bien. J’ai l’impression que c’est ce qui me correspond et me va le mieux.

Et on en est ravi·es. Merci, Océane !

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