D’un hommage à une consécration, ces 6 maisons de mode ont fait vibrer la Paris Fashion Week SS24
Cette rentrée mode a été le théâtre de rebondissements importants. Les marques Alexander McQueen, Casablanca, Coperni, Louis Vuitton, Miu Miu et Valentino ont cristallisé l’attention du public lors de la saison printemps-été 2024.
Alexander McQueen, la dernière collection hommage de Sarah Burton
Sarah Burton présentait sa dernière collection chez Alexander McQueen après 26 ans de bons et loyaux services. Ayant repris le flambeau de la direction artistique de la maison éponyme après la disparition du regretté Lee Alexander McQueen. Figurait sur les assises du défilé, ce message : « Cette collection est inspirée par l’anatomie féminine, la reine Elizabeth Ire, la rose rouge sang et Magdalena Abakanowicz, une artiste transgressive et puissamment créative qui a refusé de compromettre sa vision. Ce défilé est dédié à la mémoire de Lee Alexander McQueen, dont le souhait a toujours été de donner du pouvoir aux femmes, ainsi qu’à la passion, au talent et à la loyauté de mon équipe ». Placée sous le signe de l’hommage, cette collection a su montrer l’étendue de la précision du tailoring : les épaules sont structurées, la poitrine est marquée et la taille étroite. D’abord par touche avec le maquillage et les accessoires, le rouge s’est déployé comme une tache de sang. Le motif signature de la rose d’abord en deux dimensions prend vie et donne lieu à une robe-fleur plus vraie que nature. Cette précision est aussi accordée aux mailles qui sont travaillées de façon — littéralement — viscérale. Avec cette collection, Sarah Burton est parvenue à secouer et à émouvoir le monde parfois glacial de la mode.
Casablanca, une collection SS24 tout terrain
La marque franco-marocaine créée par Charaf Tajer revient avec une collection hommage au Nigéria qui a suscité de vives réactions en ligne. Intitulée « Day of Victory » en référence au 1er octobre 1960, jour de l’indépendance du Nigéria, la collection SS24 fut présentée à cette date anniversaire dans une large pièce aux murs orangés évoquant un couché de soleil. Si les premières silhouettes se fondaient au décor, elles s’en détachaient progressivement, oscillant entre pièces sportives et d’autres plus classiques toutefois détournées par des motifs assez kitsch. Cette saison, le vestiaire Casablanca est inspirée par l’univers du rallye. Plusieurs silhouettes rappellent aussi le tennis et font écho au nom alors envisagé par la marque : Casablanca Tennis Club. Les bikinis sont acidulés, les corps huilés, la robe rasta re-visitée et les perles colorées sont utilisées pour parer les corps des hommes et des femmes. La collection est complète puisqu’elle offre aussi des looks de soirée ainsi que des costumes sur lesquels apparaissent l’un des monogrammes de la marque : le coeur.
Mode et technologie, le pari gagnant de Coperni
À l’Institut de Recherche et de Coordination Acoustique/ Musique (IRCAM), le duo fondateur de Coperni, Sebastien Meyer et Arnaud Vaillant ont proposé une collection printemps/été SS24 composée de 41 looks. « Forms of attunement » est le résultat de la rencontre entre la marque Coperni et Humane, une entreprise spécialisée dans les nouvelles technologies. Le défilé était l’occasion pour la jeune start up d’annoncer la date de commercialisation de son « Humane Ai pin », prévue pour le 9 novembre prochain, disposé tantôt sur les blazers tantôt sur les poches des pantalons Coperni. Pour marquer cette rencontre entre la mode et la technologie d’hier et celle d’aujourd’hui, Coperni revisite même son accessoire phare : le swipe bag en version CD-PLAYER. Pour la saison printemps/été 2024, Coperni imagine des manches de chemises ou de pulls si longues qu’elles dépassent des vestes de blazers comme des tentacules. Les froufrous sont revisités avec des zips et les robes sont surmontées par une armature aux épaules. La marque collabore avec Puma et propose des chaussures inspirées des crampons de football. Après Ottolinger, Puma signe avec Coperni, un retour ambitieux. Leur commercialisation est prévue pour janvier 2024.
Louis Vuitton en mode Channel Orange
Dans les futurs quartiers de Louis Vuitton, au 103 avenue des Champs-Élysées, sur un fond orange plastifié représentant l’intérieur d’une montgolfière (qui sera réutilisé dans les vitrines des boutiques), Nicolas Ghesquière, le directeur artistique du studio womenswear Louis Vuitton et féru d’architecture, a proposé une nouvelle collection à l’allure vintage. En choisissant ce lieu encore en travaux, Nicolas Ghesquière qui n’en est pas à son coup d’essai — il avait déjà organisé un défilé dans l’actuelle boutique Louis Vuitton, Place Vendôme, alors en travaux — fait une sorte d’affront à l’esthétique quiet luxury. Celui-ci se confirme avec la collection, haute en couleurs, en motifs et en superpositions. Pour rappeler à la fois la couleur phare de la maison ainsi que les murs glacés du lieu, certains sacs iconiques revêtent la couleur orange. Même sans changer de couleurs, les accessoires sont présentés sous un nouveau jour comme le sac Alma porté ouvert par les mannequins qui ne tiennent qu’une des deux hanses. Les ceintures sont placées au niveau des hanches sur des jupes longues à deux étages et aux imprimés différents, ou sur des pantalons. Les vestes, directement inspirées des 80’s avec leurs manches bouffantes sont associées à des mini-jupes et des collants blancs très 60’s. Un beau bouquet d’inspirations.
Une saison placée sous le signe de l’androgynie chez Miu Miu
Pierpaolo Piccioli met la peau des femmes en avant chez Valentino
À l’occasion de la présentation de la nouvelle collection SS24, Valentino s’est associé à la chanteuse FKA Twigs qui a délivré une performance dansante et musicale complète. Le défilé s’est ouvert sur des silhouettes immaculées, confectionnées selon la méthode ancestrale de l’altorilievo. Traitées comme de véritables sculptures, ces broderies tridimensionnelles à base de filet prennent forme à partir de motifs floraux : hibiscus, des marguerites, ou des mélanges floraux de grenades sur une base de lin, crêpe couture ou piqué. Cet hommage à la tradition, empreint de pureté, a ensuite évolué sur l’échelle chromatique. La peau apparaissait par transparence ou par les interstices des motifs de fleurs assemblés minutieusement. Pierpaolo Piccioli, le directeur artistique de la maison, dit composer avant tout autour du corps. « Le corps a été le point de départ de tout ce qui a suivi, car je voulais que le corps lui-même fasse partie de la broderie. Tout devait être construit autour du corps, non pas pour le recouvrir, ou le cacher, mais pour glorifier le mouvement et peau. », précise-t-il. Comme une extension du corps, les matériaux utilisés, le coton et le lin, sont naturels. La performance artistique de FKA Twigs qui mobilisait également tout son corps, est à l’image de cette collection qui est une ode au confort et à la féminité.
Article de Julie Boone