Dans l’intimité de Tanger, un édito mode signé Mehdi Bakhti et Joseph Ouechen
À travers ces quelques clichés, le duo créatif parvient à nous transmettre une vision de Tanger, loin des cartes postales, profondément intime et propice à l’exploration de soi.
Photographiée par Joseph Ouechen, accompagné au stylisme et à la direction artistique par Mehdi Bakhti, cette série capture à la fois la beauté sans artifice du modèle Achille et la sérénité de la ville de Tanger, toile de fond du shooting et ville d’origine du styliste franco-marocain. Mehdi Bakhti nous en dit plus sur cette série sobrement appelée « Tanger ».
PAUL·E : QUELLE FUT L'INSPIRATION DE CETTE SÉRIE PHOTOGRAPHIQUE ?
Mehdi Bakhti : J’ai choisi des lieux qui ont une valeur sentimentale à mes yeux parce que je voulais raconter un autre Tanger, celui de mes souvenirs et pas des images touristiques habituelles qui circulent sur le Maroc. Avec cette série, j’avais envie de raconter l’histoire ordinaire d’un jeune garçon dans cette ville que j’aime tant.
P. : POURQUOI AVOIR CHOISI TANGER COMME TOILE DE FOND DE CET ÉDITO MODE ?
M.B : C’est une ville fascinante. J’ai ressenti nulle part ailleurs une énergie comme celle de Tanger. J’ai des attaches familiales ici et j’y viens depuis tout petit. Je connais cette ville intimement. Même si je voulais shooter au Maroc depuis longtemps, je n’ai jamais vraiment réussi à me sentir prêt. C’est mon pays sans l’être, je n’y ai pas grandi : la question de la légitimité était cruciale pour moi. Mais cette fois-ci en planifiant mon voyage, c’était différent. Je me suis juste dis : let’s do it now !
P. : EN QUOI L'AMOUR ET LA SOLITUDE SONT-ILS DES SENTIMENTS QUI S'ENTREMÊLENT SELON TOI ?
M.B : C’est long d’apprendre à s’aimer. Il faut passer du temps seul pour apprécier sa propre compagnie. Ce n’est pas quelque chose d’évident pour moi, c’est même un véritable défi personnel. Je voulais raconter ça : une promenade en mode self-love dans cette ville magique.
P. : POURQUOI ÉTAIT-CE IMPORTANT POUR TOI DE TRAVAILLER AVEC UNE ÉQUIPE DU MAROC ?
M.B : Il me paraissait indispensable d’être entouré d’une équipe créative constituée exclusivement d’artistes marocain·es. La mode, ce n’est pas toujours éthique, c’est le moins que l’on puisse dire. Cette fois-ci, je voulais faire du beau et le faire bien, en faisant participer les gens les mieux placés pour témoigner de cette existence marocaine. Ces images sont le résultat d’une synergie des talents de ma communauté. J’en suis particulièrement fier.
P. : COMMENT DÉCRIRAIS-TU TON TRAVAIL DE STYLISTE ?
M.B : Faire soi-même, c’est aussi créer ses propres opportunités. Pour cette série, j’ai pu aussi faire du casting et surtout de la direction artistique. Pour trouver l’inspiration, je suis très observateur de mon quotidien : il y a des idées dans le moindre détail ordinaire, la moindre forme ou couleur. J’aime penser le contexte avant de réfléchir aux vêtements, raconter une histoire, c’est aussi une responsabilité. C’est pourquoi je suis toujours aussi reconnaissant envers les marques qui me font confiance.
Crédits photographiques :
Direction artistique et stylisme : Mehdi Bakhti, @mehdibkt_
Photographer : Joseph Ouechen, @josephouechen
Casting : Mehdi Bakhti
Modèle : Achille, @achille_med
Maquillage : Aayat Bakkioui, @Aayat.bakkioui
Crédits marques :
Nina Ricci
GMBH
Shang xia
Xuly bet
Mengche
Propos recueillis par PK Douglas
Texte par Julie Boone