Une escapade à Istanbul, la ville-monde lovée entre deux continents
Qui n’a jamais rêvé de déambuler dans les rues colorées et animées d’Istanbul, la cité turque qui, à l’instar de la ville de Rome, semble traverser le temps à la fois inchangée, mais pleinement ancrée dans la modernité.
À la faveur d’une invitation de l’Office de tourisme Go Türkiye, PAUL·E a eu l’opportunité de s’envoler vers cette destination mille fois fantasmée. Byzance, Constantinople, et maintenant Istanbul, tant de dénominations qui révèlent la richesse culturelle et culinaire de ce véritable carrefour de civilisations bercé d’autant de légendes que de vagues d’immigration venues de trois continents. Chacune apportant dans ses bagages des couleurs, des odeurs, des saveurs, des savoir-faire et des traditions à découvrir à chaque coin de rue.
C’est deux mosquées, c’est un palais, c’est une péninsule !
Si l’envie peut être tentante de ne pas se précipiter vers les lieux emblématiques — et par conséquent très touristiques — de la ville, prendre son mal en patience et braver les files d’attente en vaut le détour tant le spectacle qu’offre le cœur historique de la péninsule d’Istanbul est grandiose. Ici, dans une harmonie pêle-mêle, des vestiges de l’époque romaine, des trésors de l’Égypte antique, l’architecture opulente de la période ottomane et la beauté des lieux de culte s’élèvent au-dessus de l’horizon, enlacés d’un côté par le fleuve, de l’autre par la mer.
Bien qu’en cours de rénovation, la Mosquée Bleue impressionne par son immensité et ses 6 minarets. À quelques pas, la riche décoration intérieure, légèrement modifiée pour la rendre plus islamique, Sainte Sophie ou Hagia Sophia ravit les amateur·rices de solennité mystique et de chandeliers imposants. Une petite balade à travers les maisonnettes colorées qui rappellent la ville de San Francisco plus tard, on tombe comme par enchantement sur le palais Topkapi. Surplombant la pointe de la péninsule où se sont instalé·es les premier·ères Stambouliotes, il surprend par son enchevêtrement de salons d’apparat, de salles du trône et de cuisines, sans oublier le chapelet de grands jardins orientaux qui font de ce palais terminé en 1465 le parfait écrin pour les nombreux joyaux qui y sont exposés, incluant le 5ème plus gros diamant du monde.
Pour se restaurer après une belle matinée de visite et goûter à une cuisine ottomane, authentique et raffinée, nous vous conseillons le restaurant Matbah au cœur du quartier historique. Aux amateur·trices de shopping, nous suggérons de ne pas faire l’impasse sur le Grand Bazaar couvert et richement décoré. Les allées y sont larges et organisées, les stands numérotés et bien garnis afin de faire le plein d’épices, de thé, de café, de produits de soin naturels, de maroquinerie, de bijoux, d’étoffes, sans oublier les friandises et les Turkish delights !
De l’art, on adore !
Avec ses 15 millions d’habitant·es concentré·es sur 39 arrondissements, pas étonnant que la ville d’Istanbul regroupe une variété de musées aussi éclectiques que les différentes périodes qu’ils balaient, de l’Empire Romain à l’Empire Ottoman jusqu’à la République Turque fondée par Moustafa Kemal en 1923, aussi affectueusement appelé Atatürk (le Père des Turcs). Au musée archéologique, c’est toute la grandeur des civilisations antiques, égyptiennes, romaines, méditerranéennes, moyen-orientales que l’on découvre, avant d’admirer le virage artistique et pictural opérer par les différentes écoles turques, de la tradition de la miniature et de la peinture figurative de paysage et de nature morte pré-révolution, à la représentation des personnes et des visages initiée par la génération de 1918, suivie de l’impressionnisme, de l’expressionisme, du cubisme, de l’abstrait, jusqu’aux représentations de nu à l’occidentale. Visiter le Pera Museum, le Painting and Sculpture Museum et le Sakip Sabanci Museum révèle les différents contours d’une figure d’une importance capitale pour la culture artistique turque, celle d’Osman Hamdi Bey, considéré comme le plus grand peintre turc. Ayant contribué à l’émergence d’un art pictural turc, à l’éducation de toute une génération de grands noms de la scène artistique turque au 19ème et à la protection du patrimoine culturel turc, il est surtout l’auteur de l’œuvre picturale turque la plus chère au monde, Le Dresseur de tortues, 1906, estimée à plusieurs millions d’euros.
L’art contemporain n’est cependant pas en reste à Istanbul. Une visite de l’Atlas Cinema Museum s’impose aux cinéphiles. L’expo dédiée à Stanley Kubrick raconte les grands et les petits moments de la carrière de ce géant du cinéma dont les films ont atteint le statut d’œuvres majeures et iconiques : « Les Sentiers de la gloire », « Spartacus », « Lolita », « 2001, l’Odyssée de l’Espace », « Eyes Wide Shut », pour ne citer que quelques-uns. Une autre exposition toute aussi amusante et interactive imaginée par l’artiste Refik Anadol, intitulée « Alkazar Dream », se visite à deux pas à l’Alkazar Cinema cette-fois. Au Mesher Exhibition Space, c’est une flopée d’artistes contemporain·es, connu·es et moins connu·es, qui est à l’honneur autour du thème de la personne, de l’identité et de l’individualité, « I am Nobody. Are You Nobody Too ». Pour les littéraires à l’âme romantique, l’amour tourmenté voire impossible entre Kemal et Füsun est le sujet central du Museum of Innocence. Le roman éponyme écrit en 2008 par l’auteur turc, lauréat d’un prix Nobel de Littérature en 2006, Orhan Pamuk est presque disséqué (sans spoilers) sur les 3 niveaux d’une ancienne maison de ville familiale à l’allure à la fois bourgeoise et mystérieuse.
Dans les quartiers de Beyoglu, Galataport, Ortaköy et Boyaciköy, les bonnes adresses food ne manquent pas. Les restaurants Muuto et MSA’nin Restorani proposent une cuisine vivantes et délicieuses, parfaites pour une pause déjeuner. Mention spéciale pour Cuma, restaurant coffee shop à l’allure bohème en plein quartier d’artistes et de boutiques vintage. Les plats y sont absolument divins, le service adorable et l’ambiance comme à la maison. De quoi se sentir enfin adopté·es par la ville, en véritable stambouliote. Pour un dîner vertigineux, en goût et en émotion avec une vue panoramique sur le côté sud de la péninsule, nous vous conseillons les restaurants Murver pour sa cuisine élégante, Alaf pour ses petits plats savoureux, Eleos Beyoglu pour sa cuisine généreuse et ses poissons frais pêchés le jour même et Ali Ocakbasi pour son délicieux kebab et ses pizzas à pate fine typiques à tomber par terre. Le Nobu niché au 4ème étage de l’hôtel le Ritz Carlton vaut aussi le détour pour son ambiance zen et ses cocktails de qualité.
Au fil de l’eau
Si les transports publics, métro, bus et tram, restent le meilleur moyen de se déplacer à Istanbul tant la circulation y est dense, surtout aux heures de pointe, on ne saurait se priver du plaisir de prendre le ferry, direction un tout autre continent, l’Asie. Au rendez-vous, le Museum Ghazane abrité dans une ancienne usine à gaz, aux allures de Fondazione Prada. Puis, c’est toute l’effervescence de Kadiköy qui s’offre aux sens, son marché aux légumes, ses étalages de fruits de mer plus frais que frais, ses boutiques de savons artisanaux et de produits de bien-être faits maison, ses librairies de livres anciens et de bandes-dessinées collector, sans oublier son petit bazaar où on fait volontiers ses dernières emplettes : sacs en cuir et kilim, objets en céramique, bijoux vintage, pierres et cristaux protecteurs.
Les adresses food sont nombreuses, évidemment. Cependant, nous avons apprécié les plats authentiquement anatoliens et l’atmosphère sans prétention du restaurant Ciya Sofrasi. À faire pour passer un très bon moment avant de revenir côté occidental en bateau, pourquoi pas. Au gré des flots réguliers, on admire toute la beauté de la péninsule d’Istanbul où se mêlent les eaux du Bosphore et de la mer de Marmara. Lever les yeux vers l’horizon permet de distinguer les sublimes mosquées qui perlent les collines environnantes, ainsi que les divers palais d’été et d’hiver occupés par les derniers sultans et familles royales de l’Empire Ottoman, dont l’impressionnant Dolmabahce Palace. Sa réalisation autour du 19ème siècle aurait coûté près de 9 milliards de dollars ! Rien d’étonnant quand on le visite. L’opulence et l’ostentatoire y règnent en maître. Compter le nombre de chandeliers entièrement fait de cristaux de Baccarat donne le tournis, tout comme le poids du chandelier le plus lourd qui n’est jamais existé, trônant dans la salle d’apparat principale au centre du complexe palatial, 4,5 kg ! rien que ça. Moins tape-à-l’œil et plus solennelle, la chambre où l’homme providentiel Atatürk s’est éteint témoigne de l’admiration et du profond respect que la population continue à avoir pour ce « Père des Turc·ques » qui donna le droit de vote aux femmes dès 1934, avant la France !
Pour plus de renseignements sur la destination Istanbul et afin de préparer votre voyage dans les meilleures conditions, nous vous invitons à visiter le site officiel de l’Office de tourisme de Turquie Go Turkiye.