À la découverte de la saisissante “Résidence Eisenhower”, à Reims
À deux pas de la cathédrale Notre-Dame de Reims et du centre-ville, la Résidence Eisenhower accueille celleux qui souhaitent vivre une expérience immersive au cœur de la Champagne.
De l’extérieur, le lieu en impose. À l’intérieur, d’autant plus. L’hôtel Mignot, construit entre 1911 et 1913 par l’architecte François-Adolphe Bocage sur le célèbre boulevard Lundy de la capitale champenoise, dégage tout ce que l’histoire en a fait. En 1945, il est devenu, durant quelques mois, la résidence du Général Dwight D. Eisenhower, futur 34e président des Etats-Unis, lorsque les forces alliées ont repris Reims, et ce jusqu’à la fin de la Seconde guerre mondiale.
“La Résidence Eisenhower nous est parvenue avec une grande partie de sa matière historique”, raconte ainsi François Chatillon, architecte en chef des monuments historiques et fondateur de Chatillon Architectes, agence en charge du projet. “C’est une demeure bourgeoise particulièrement représentative de la vie à Reims du début du XXe siècle. Malgré le temps passé, tout sommeillait dans l’attente d’une renaissance, dissimulé sous des aménagements récents. C’est bien cela qui guide les propriétaires, dont la demande est à la fois simple et complexe : faire revivre cette maison de famille au plus près de ce qu’elle fut”.
Après un chantier de 3 ans sur 1 200 m2, où l’œil expert de Sarah Chatillon, chargée de l’aménagement intérieur et acheteuse d’art, s’est exprimé avec un goût impeccable, il renaît littéralement en 2021, incarnant désormais un lieu de prestige pour les maisons de Champagne Piper Heidsieck, Charles Heidsieck et Rare Champagne. Et quelques chanceux·ses qui pourront loger dans les chambres luxueuses des étages. Visite.
Eclectisme et grandeur
Ce qui nous frappe instantanément quand on passe la porte du 27 boulevard Lundy, c’est l’escalier d’honneur qui fait face à l’entrée, et le bow window Art déco qui se trouve à son sommet. Une pièce impressionnante façonnée par la ferronnerie Mazingue, basée à Reims. Sarah Chatillon en profite d’ailleurs pour insister sur un point loin d’être négligeable : collaborer avec des artisans locaux qui maîtrisent des savoir-faire ancestraux fut une priorité pendant toute la rénovation.
Sur le palier de ce premier étage, la lumière inonde l’espace et les fauteuils Louis XV tapissés de bleu ciel qui côtoient les vases Pia Chevalier. La vue sur le jardin invite à le découvrir. Ça attendra, on passe d’abord dans les salles de réception et d’apparat. Le Grand salon, le Petit salon, le fumoir et la salle à manger. Chaque espace allie, avec une élégance incontestable, des éléments modernes chinés avec expertise et des détails qui renvoient au caractère centenaire de l’endroit. Les hauteurs sous plafonds sont vertigineuses, les pièces du XXe siècle sélectionnées et conçues avec soin pour les mettre en valeur les habitent avec style. Difficile d’imaginer qu’avant l’intervention de Chatillon Architectes, des appartements et des salles de bain se succédaient à cet endroit-là.
Notre coup de cœur va au fumoir qui servait de bureau au Général Eisenhower. Dans cet espace restreint, une bibliothèque appelle à pousser les livres pour espérer trouver un passage secret (c’est un échec). On se voit y prendre un dernier verre après le dîner, on imagine les discussions qui s’y sont déroulées 80 ans plus tôt. On se laisse envelopper par la teinte lie-de-vin qui domine la pièce, inspirée par celle de la cheminée d’époque, des fauteuils Le Corbusier “LC2” au tapis, en passant par le lustre tout en rondeur à la façon d’une grappe de raisin – écho inconscient aux vignes qui font le champagne, nous confie alors Sarah Chatillon.
Mélange des âges
L’heure est désormais à la découverte des 3 suites et des 9 chambres. C’est peut-être dans cette partie, située sur les deux derniers étages, que l’esprit d’une maison de famille se ressent le plus. Chacune porte le nom de son ou sa propriétaire, comme si ces dernier·es les habitaient encore. La chambre de Monsieur, de Mademoiselle, de Madame, mais aussi de L’Institutrice, cocon aux murs tirant subtilement sur le jaune, où nous passerons la nuit.
Si “le charme, le caractère et l’atmosphère” varient d’une pièce à l’autre, décrit Sarah Chatillon (pastel pour Madame, vert pour Monsieur), l’impression de pénétrer dans un écrin qui invite à la détente demeure inchangée. La lumière est particulièrement douce, d’une chambre à l’autre. Tout en haut, sous les toits, l’immense patio vitré laisse, là aussi, entrer les rayons chauds du soleil dans ce qui a été pensé comme les quartiers des collaborateur·rices de la maison de champagne. A la différence que les lignes y sont plus épurées et les teintes immaculées.
De notre visite reste l’extérieur, paysagé autour d’une roseraie d’origine et d’un pavillon d’été ; les salles du petit-déjeuner qui donnent sur le jardin pour un réveil en douceur ; et les caves, où l’on dégustera les millésimes de Rare champagne en compagnie de l’expert Régis Camus, chef de caves de la maison.
Après ce tour du propriétaire qui laisse rêveur·se, ce qu’on ne manque pas de retenir c’est que, partout, l’expertise en marché d’art de Sarah Chatillon, passée par l’Ecole du Louvre, retentit. A travers les œuvres de Benjamin Navet ou de Brian de Graft, qui animent les murs et insufflent un vent de jeunesse et de renouveau au lieu, sans jamais dénoter.
“J’avais envie de ce mélange, de soutenir de jeunes artistes et d’initier les propriétaires au monde de l’art”, confie justement Sarah Chatillon à La Gazette Drouot. “Ils ne sont pas collectionneurs à proprement parler, mais étaient curieux de découvrir de nouvelles choses.” Et d’ajouter : “L’art contemporain est un univers à part qu’il est difficile de pénétrer quand on ne le connaît pas. J’espère avoir permis de faire ce pont”. Une chose est sûre, le résultat donne envie d’en découvrir davantage.
Résidence Eisenhower, 17 boulevard Lundy, 51100 Reims
https://www.residence-eisenhower.com/