VOICI POURQUOI VOUS DEVRIEZ ALLER VOIR LE RETOUR DE MARY POPPINS

Credits: Walt Disney 

Le retour de Mary Poppins,
réalisé par Rob Marshall (Mémoires d’une Geisha, Pirate des Caraïbes), est une adaptation et la suite de l’histoire mettant en scène la nanny magique. À l’occasion de sa sortie en salle la semaine prochaine, une Paulette a regardé pour vous le film, et vous livre ses impressions. 

Le titre pose une très bonne question : pourquoi d’ailleurs prendre sa place pour Le retour de Mary Poppins ? Mary Poppins n’était pas, du moins à l’époque de notre enfance, le film le plus fancy des Studios Walt Disney. C’était surtout un long-métrage un peu vieillot et sympa, mais entre nous, je préférais La Petite Sirène ou Mulan. Pourtant, dès les débuts du deuxième opus, j’ai été émue, touchée. Les premiers sons du générique du film ont même réussi à me faire pleurer un petit peu (c’est une Paulette à fleur de peau qui s’exprime aujourd’hui). C’était très émouvant, en partie grâce à cette chanson d’ouverture qui nous prend aux tripes, un peu comme L’Histoire de la Vie du Roi Lion. J’ai très vite pris conscience que le film projeté serait génial. 

 
L’une des forces du Retour de Mary Poppins réside dans le fait que cette histoire, qui retrace la vie d’une nanny qui remet de l’ordre dans une famille un peu perdue, n’a pas connu de nouvelle adaptation depuis plus de 50 ans. Ce qui a sûrement joué en sa faveur, mais aussi installé une pression colossale. Car en général, les seconds volets de Disney sont décevants ou trop rapidement entrepris, alors que les téléspectateurs n’ont pas encore eu le temps d’intégrer l’histoire, ni de rêver à une suite. 
 
Et là, miracle ! Le film évolue exactement au même rythme que la vie. Michael Banks grandi tout comme les jeunes enfants dans les années 1960. Des parents emmèneront probablement leurs enfants voir ce film qui les avait tant marqués, et c’est à ce moment précis qu’un effet miroir s’établit entre le conte de fées et la réalité. Miroir, miroir, quelle est la réalité ? Quelle est la fiction ? Ce jeu est l’un des principaux pivots du film, mêlant graphisme animé et séquences filmées, mais également et respectivement des scènes très magiques ainsi que des scènes réalistes. D’ailleurs, cet effet miroir est intelligemment ficelé. Les personnages que l’on peut contempler en version animée ressemblent parfois très peu à ce qu’ils sont en version filmée, et rien ne semble indiquer qu’il s’agit des mêmes personnages. 
 
Cet entrelacs de rêves et de réalités, de réalités et de rêves, c’est une manière d’élever le message d’espoir qui s’exprime ardemment, presque cyniquement quelques fois. On implore la bonne étoile, on ne la prie plus, on désespère face à une situation économique sans précédent, on n’est pas triste. Et puis, ce désespoir est très actuel, bien que le film se déroule dans les années 1930. Mais tout cela semble également signifier qu’il faut croire en notre conte de fées, car dans toute existence, se dissimule un moment d’onirisme féérique qu’il est primordial de distinguer dans un brouillard, motif récurrent du film se déroulant à Londres, ville brumeuse par excellence. 
 
Une marche dans le brouillard pour se perdre, noyer ses pensées, mais aussi un homme qui allume les réverbères pour éclairer le passage des promeneurs afin qu’ils ne s’égarent pas… En tout point le film est très métaphorique, il y a un second degré et même un troisième degré à saisir, ce que le scénario nous rappelle par une chanson qui nous enjoint à ne pas nous fier aux apparences. La métaphore filée se brode aussi par l’intermédiaire d’objets. Un ballon par exemple, semble indiquer une enfance refusée puis rattrapée à la fin du film, au moment où les difficultés semblent s’envoler. Les paroles de certains personnages sont également révélatrices. Mary Poppins rappelle aux enfants qu’elle s’en ira si la porte s’ouvre, comme si elle évoquait une ouverture sur la vie qui laisserait entrer au sein de la demeure des Banks, les fleurs de cerisier jonchant leur rue.

Credits: Walt Disney 


Cette métaphorisation du film est particulièrement saisissante dans la mesure où elle indique qu’il s’adresse à un double public : les adultes et les enfants. En somme, les enfants ne comprendront peut-être que le premier degré, quant aux adultes, ils saisiront le second, ce qui attisera davantage leur curiosité. Et par ce procédé, chacun semble s’y retrouver en même temps et sans incompréhension. D’ailleurs, ce double public, c’est aussi par l’histoire de Michael qu’il s’identifie : ses problèmes d’argent pendant le Crack de 1929 peuventt aussi toucher une partie des adultes qui savent à quel point il est difficile de remonter la pente après de telles crises économiques. Cet écho historique est aussi très actuel, il rappelle la crise américaine des subprimes en 2008. 
 
Néanmoins, ce n’est pas parce que le film vise un double public qu’il veut passer un double message, bien au contraire. Ce que l’on retient, comme un leitmotiv lancinant, c’est de croire en ses rêves, en une bonne étoile, en une Mary Poppins invisible, qui veille sur notre famille. Des valeurs morales aussi très intrinsèques à ce monde Disney se réaffirment : l’amour plutôt que l’argent, le bonheur dissimulé qu’il suffit de rechercher, et par-dessus tout – en particulier pour nous les adultes et adultes en devenir – préserver son âme d’enfant qui est précieuse.

Le film semble inférer que, plus nous évoluons dans la vie, plus les valeurs éthiques qui nous ont été enseignées (amour, honnêteté, mais aussi humour, joie, espoir, etc.) sont de moins en moins rappelées jusqu’à ce qu’elles disparaissent peu à peu au profit de l’argent, du statut, ou du moins, de la stabilité et du respect de l’ordre social. Le seul personnage adulte qui semble s’en éloigner et ne pas s’en préoccuper c’est Jane Banks qui refuse à la fois les préceptes tout établis, mais aussi l’amour.

Credits: Walt Disney 


L’amour d’ailleurs, thème de prédilection des films Disney, était évoqué sans excès. Finalement, tout semblait trouver sa place, car après tout, il s’agit d’un film sur Mary Poppins, reine de l’ordre domestique à tous les égards. Il est si ordonné qu’il semblerait que c’est Mary Poppins elle-même qui se soit occupée de la réalisation : les différentes intrigues ont chacune un temps alloué très bien choisi. L’art et l’architecture, qui ont été largement valorisés, y ont également leur place. Ce long-métrage est d’un esthétisme fou, et peut-être d’ailleurs le premier Disney à travailler autant son aspect visuel depuis une vingtaine d’années. Des images peintes au début commémorent l’art pictural anglais en faisant référence à des artistes importants tels que William Turner par exemple. Cette ode à la British Culture se poursuit par des fantastiques vues panoramiques et architecturales de Londres qui clôturent l’histoire. 
 
 
Le Retour de Mary Poppins sort en salles le 19 décembre.

> Article de Yasmine Lahrichi

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