Rencontre avec la peintresse Julie Fleutot, chantre des natures mortes
L’artiste marseillaise Julie Fleutot s’initie à la peinture en réinventant un genre artistique classique : les natures mortes.
Partageant sa vie entre son travail de responsable marketing dans une agence immobilière, l’architecture et la peinture, la jeune femme de 34 ans cherche à donner une valeur émotionnelle et une dimension esthétique à son processus créatif, insufflant un caractère à la fois contemporain et vintage à ses réalisations. Rencontre avec un talent à suivre.
PAUL·E : Peux-tu nous parler de ton art et de ton procédé créatif ?
Julie Fleutot : Je peins des natures mortes, des natures mortes renouvelées. Quand on apprend à dessiner et peindre, c’est généralement le passage obligé. C’est un genre classique, qui a été très exploité dans l’histoire de l’art. Je trouvais ça amusant de pouvoir réinventer cette thématique. J’ai une passion compulsive pour les objets. J’achète beaucoup d’objets que je collectionne qu’ils soient moches, inutiles, ringards, beaux, luxueux ou pas chers. Par conséquent, je me suis dit qu’il y avait quelque chose à faire avec toutes ces trouvailles. J’aime les regarder, j’aime les accumuler, et les mettre chez moi. J’ai aussi eu envie de les peindre.
PAUL·E : Comment choisis-tu les objets que tu peins ?
J.F. : Il y a une réelle réflexion derrière le choix des objets que je décide de peindre, ainsi que beaucoup de spontanéité. L’idée part souvent d’un objet que j’affectionne et autour duquel je compose. Généralement, il y a toujours un objet ancien, un peu vintage, qui vient d’une brocante. Puis, je rajoute toujours un objet un peu iconique, un objet de mode qui a un rapport au temps particulier puisqu’il est très éphémère. Il est très à la mode à un moment donné et à vocation à se ringardiser. J’intègre par la suite un bel objet, un objet qui est plutôt contemporain et qui va pouvoir traverser le temps comme un objet ancien et se retrouver dans une brocante dans dix, 20 ou 100 ans. Et enfin, un aliment périssable. C’est vraiment le point commun de toutes mes natures mortes, j’inclue toujours un aliment et un objet dit de la “culture populaire”. Par exemple, le magazine PAUL·E. C’est un logo que nous connaissons, c’est un objet qui est dans les mains de tout le monde, et surtout qui parle à tout le monde.
PAUL·E : En tant qu’artiste, quelle est ta plus grande peur ?
J.F. : Ma plus grande peur, c’est que les gens n’aiment pas ce que je produis. Finalement c’est le regard de l’autre qui me fait peur, et je suis rapidement déstabilisée par un doute ou un : « Mais tu aurais peut-être dû faire comme ça ». Alors que les avis divergents sont tout à fait normaux. La création n’est pas parfaite du premier coup, et ce n’est tout simplement jamais parfait. Il n’y a pas de perfection.
PAUL·E : Qu’est-ce qui t’a rendue le plus heureuse en tant que jeune artiste ?
J.F. : Ce qui me rend heureuse, c’est le retour des gens sur mon travail. Avoir des réactions spontanées a été ma première victoire. Je me suis dit qu’il y avait sûrement quelque chose à faire puisque mon travail plaisait. Par la suite, j’ai eu des demandes de ma micro communauté sur les réseaux sociaux, notamment sur Instagram où j’ai pu recevoir des messages privés me disant : “ J’aimerais trop avoir un tableau de toi chez moi”. Ce type de messages m’a encouragé à continuer.
PAUL·E : Quel projet rêverais-tu de développer ?
J.F. : Si on n’a pas de limite, on peut tout imaginer. Mais, pour l’instant je dirais tout simplement de pouvoir en vivre. Je rêve de m’adonner à ma passion tous les jours, me lever le matin et m’y mettre. Ce serait pouvoir en vivre, tout en l’associant à mon métier actuel. J’adorerais également travailler avec des marques, ainsi qu’imaginer des campagnes. Elles veulent souvent des campagnes éditos ou photos. Mais pourquoi pas opter pour la peinture ? Pourquoi pas la sculpture ? J’adorerais participer à ce type de collaborations, et évidemment exposer un jour. Mais, ça, c’est mon deuxième rêve finalement.
PAUL·E : Quels conseils donnerais-tu à celleux qui souhaitent devenir artiste ?
J.F : Je ne révolutionne rien, mais je pense qu’il faut travailler et surtout ne pas lâcher. Il n’y a pas de mystère, c’est le travail. En parallèle de ma passion, j’ai un emploi à temps plein. Donc, je peins le soir quand il y a de la lumière; plutôt l’été, parce que l’hiver il fait nuit tôt. Sinon, je peins le week-end. Je sors moins, je vais moins à la plage. Mais, je ne le vis pas comme un sacrifice parce que je sais que je le fais pour moi, et que ça me motive. Le travail c’est la clef. Malheureusement parfois, ça ne paye pas. Mais quoi qu’il en soit, vous ne pourrez pas vous reprocher de ne pas avoir essayé.