Pierre & Florent signent une ode à la « Mémoire habillée »
Le duo expose son troisième projet personnel autour des significations du vêtement. Dans une série de photographies qui allie témoignage et performance, Pierre & Florent parviennent à créer des monstres de tissus.
À l’occasion de la 10ème édition des Rencontres Photographiques du 10ème arrondissement de Paris, la galerie Porte B accueille la première exposition individuelle — ou plus précisément en duo — de Pierre & Florent, intitulée « Mémoire habillée ».
Une décennie de Rencontres Photographiques du 10ème
Les Rencontres Photographiques du 10ème fêtent cette année, leurs dix ans d’existence. Plus que jamais, les expositions, les projections et autres ateliers se déploient dans des lieux iconiques du quartier et aussi dans ses rues. Le festival organise un circuit de balades avec 6 hotspots, de La Chapelle à Alibert en passant par Magenta, Lancry, sans oublier l’artère centrale du quartier : le canal Saint-Martin.
Parmi les lieux d’exposition, la Mairie du 10ème évidemment, accueille les oeuvres des huit lauréat.e.s de cette saison (Juliette Alhmah, Julien Bonaire & Antoinette Giret, Oleñka Carrasco, Bastien Deschamps, Bachir Diaw Souleymane, Adrien Selbert, Rebecca Topiakan et Anthony Voisin). Sont également mis à profit la médiathèque Françoise Sagan, le centre des Récollets ainsi que de nombreuses galeries dont l’espace Porte B, crée en 2022. Dédié à l’art contemporain, la galerie se veut être « un incubateur d’idées et de pratiques au service d’un art pluridisciplinaire, engagé et accessible ». Elle accueille « Mémoire habillée » de Pierre & Florent, une exposition réalisée avec le soutien de la Fondation Saguez. Les Rencontres Photographiques se terminent le 28 octobre prochain.
Mémoire habillée ou la poésie du vêtement
En duo depuis 2010, Pierre & Florent entreprennent des projets photographiques aux frontières de la mode, du documentaire et de l’auto-fiction. « Mémoire habillée » succède aux projets « Heroes Under the Waves » (2010) qui associait la mise en scène et le costume pour aborder le thème de la perte de sens, à celui intitulé « Les idiots de l’image » (2013) autour duquel le duo questionnait les identités à travers les genres de l’autoportrait et de l’auto-fiction. Ces thématiques sont aussi celles de « Mémoire habillée » : « Se vêtir, c’est se montrer au monde d’une manière que l’on choisit. Métier, appartenance, déguisement, camouflage ou encore acte politique, le vêtement est omniprésent dans nos vies. Il dit quelque-chose de nous que l’on tente de maitriser mais qui parfois nous échappe. Il nous rappelle qui nous étions hier, qui nous rêvions de devenir, qui étaient celles et ceux qui nous ont précédés », écrivait la journaliste Antigone Schilling.
L’aventure « Mémoire habillée » débute au Japon. Pierre & Florent ont pour projet de photographier leur amie dans le plus simple appareil mais c’est finalement l’exact inverse qui se produit. La Japonaise finit par régner sur un univers d’habits et de futons déployés autour d’elle. Ces premiers clichés conduisent finalement à une série de portraits où l’univers de chaque modèle est représenté autour de lui. La série est immortalisée dans un ouvrage limité à 20 exemplaires comprenant un tirage à l’encre pigmentaire, signé et numéroté par le duo.
L’exposition est accessible jusqu’au 12 novembre 2023 à la galerie Porte B au 52 rue Albert Thomas, 75010.
Article de Julie Boone.