Marie Gillain dans l’Appât
Icônes absolues de la brune française aussi appelée « french brunette », les quatre cavalières de l’Apocalypse – au sens biblique de révélation – de nos 20 ans reviennent en force, du moins dans ce papier… Les années 80 avaient Vic, cette fille de vétérinaire dans la Boum, incarnée par Sophie Marceau. Plus sage que Valérie Kaprisky, la frange mieux rangée que Maruschka Detmers et le sourire plus facile qu’une Adjani coiffée à l’iroquoise dans Subway, la jeune Victoire Beretton était notre boussole à l’âge adolescent, une sorte de Marianne en mode castor junior…
Puis surgirent ces quatre brunes à la fois sages et incandescentes, belles et rebelles, studieuses et fugueuses au beau milieu des années 90 :
Virginie Ledoyen, Marie Gillain, Clotilde Coureau et la discrète Garance Clavel, et ont toutes la quarantaine aujourd’hui.
On pourrait rajouter la vibrionnante Elodie Bouchez voire même Barabra pour faire bonne figure mais comme au cinéma il faut savoir faire des coupes pour maintenir le rythme d’un article. Il y aurait aussi Charlotte Gainsbourg et Marie Trintignant, qui ont su s’émanciper de l’aura écrasante de leurs pères respectifs (revoir Marie dans Coup de Tête) et tant d’autres fantasmes brun clair (Carole Bouquet en Nada dans Blank generation et j’en passe). Elles sont subjectivement quatre, donc, et l’on commence par la doyenne Virginie, star depuis l’âge de 3 ans. Née Fernandez dans une banlieue pavillonnaire du Val de Marne, elle multiplie les caméo dans des pubs, des clips de Balavoine (Sauvez l’amour) ou François Feldman…
Elle devient rapidement la proie d’un cinéma d’auteur avec l’Eau froide d’Assayas qui se bat avec les Roseaux sauvages de Téchiné pour le titre de premier film de la néo-Nouvelle Vague très humide des 90’s. Le rôle de Mélinda dans la Cérémonie de Chabrol face à Bonnaire et surtout son rôle-titre dans La Fille seule de Benoît Jacquot enterrent sa réputation de Marmotte (film de d’Elie Chouraqui qui lui valut une nomination axu Césars en 1993). Elle ira même jusqu’à revendiquer son background de banlieusarde en jouant dans M 6-T va Cracker ! Voix spectrale, regard de braise et sourire d’ange, aussi à l’aise en khâgneuse d’Henri IV qu’en gazelle de la « téci », Virginie Ledoyen est tout simplement la française idéale.
Virginie Ledoyen dans La Plage
Malgré ses Adieux à la Reine toujours avec Jacquot et quelques rôles prestigieux dans La Plage de Danny Boyle, 8 Femmes d’Ozon et un James Ivory, elle collectionne des rôles plus confidentiels ces dernières années, tel Ablations co-écrit par Benoît Delépine sorti l’année dernière ou le dernier Mocky. Egérie qui le vaut bien, elle peut tout se permettre, y compris d’attraper la grippe A et de soutenir Martine Aubry aux primaires du Parti socialiste. Va t-elle retrouver le top niveau et devenir la Jeanne Moreau des années 10 ? Sa voix se fait attendre. Contre toute attente, c’est aujourd’hui Marie Gillain qui défraye la chronique en s’affichant en une de Lui, magazine aujourd’hui détenu par son ex, Jean-Yves Lefur. Le choc ! Même si l’intérieur des pages est beaucoup plus calme.
C’est dans l’Appât qu’elle révèle son charme vénéneux et toute sa fausse ingénuité. Également au casting du film, Clotilde Courau soulève beaucoup d’espoirs bientôt douchés par son mariage princier absolument sans intérêt. Dommage, je l’avais adorée dans le Poulpe. Non, la meilleure de toutes c’est cette fille qui nous laisse pantois et chancelants à la fin de Chacun Cherche son Chat, film boboïde en diable et pourtant diablement attachant. Chloé, archétype de la tendre brunette perdue dans un Paris débordant de sociopathes, copine avec les mamies de la rue de la Roquette et courant les shootings de mode à une époque où tout le monde se convertit au groove, en pleine mutation street wear, nous laisse à la fin du film en loques lors de son déménagement.
Aujourd’hui Garance Clavel est sur Facebook (comme tout le monde), on est 20 ans après et « chacun cherche son tchat ».
Article rédigé par Guillaume Fédou pour Paulette Magazine