LE ZÉRO DÉCHET, POURQUOI ET COMMENT ?
Un Français jette en moyenne 277 kg de déchets par an selon l’ADEME (2013). 345 millions de tonnes de déchets ont été produits en 2012 en France. Les déchets s’amoncellent, la planète suffoque. Tour d’horizon sur le mouvement zéro déchet, et quelques conseils pour y parvenir.
56% des Français ne trient pas leurs déchets de manière systématique selon une étude de 2014 de l’Observatoire du geste de tri. Et on a la fâcheuse manie de jeter sans compter parce que « attends, on recycle ! ». Oui mais le principe du zéro déchet, c’est de les réduire et d’adapter notre mode de consommation afin de tendre à un mode de vie viable pour nous-même, pour la planète ainsi que pour les générations futures.
Les fondements du zéro déchet
La philosophie, inspirée de l’anglais zero waste s’appuie sur trois points essentiels. Produire et consommer modérément, c’est-à-dire seulement l’essentiel et ne pas tomber dans la consommation de masse. Ensuite vient l’optimisation. On allonge l’usage en maximisant l’utilisation de l’objet. Comment ? En le partageant, en le réutilisant, en le réparant, en le mutualisant comme avec les consignes, la vente en vrac, les sacs réutilisables. Enfin, on préserve la matière grâce au recyclage ou au compostage.
Cette stratégie permet donc d’économiser, de gagner du temps, de l’argent et de développer sa créativité.
(Faire reculer le jour du dépassement en jetant moins
Le Earth Overshoot Day en anglais correspond au jour où l’humanité aura consommé l’ensemble des ressources que la planète peut produire en une année et émis plus que ce que les océans et forêts peuvent absorber. L’objectif zéro déchets contribue donc à faire reculer ce jour du dépassement pour préserver la planète bleue.
Chaque année la date avance. Les émissions de CO2 représentent 63% de l’empreinte écologique globale. L’empreinte écologique, c’est la superficie nécessaire à un Homme pour lui fournir ses besoins en eau et alimentaires, ainsi que pour absorber ses déchets. Pour comparatif, on utilise souvent « si chaque personne vivait comme vous, il faudrait tant de planètes ». Si la population mondiale vivait comme un Américain, il faudrait 4,8 planètes pour assouvir nos besoins, et 5,4 planètes pour vivre comme un Australien. En effet, les Australiens produisent plus que les Américains, aussi étonnant que cela puisse paraître.)
peut-être en trop?
Remplacer pour mieux (moins) jeter
Comme le dit Pauline Imbault dans le TED talk à propos du zéro déchet, ce n’est pas une vie plutôt qu’une autre qui est difficile, mais le changement entre les deux. Renoncer à ses habitudes pour en adopter des nouvelles sera dur, mais comme chaque étape charnière. L’après n’en sera que bénéfique.
C’est dans la salle de bains et la cuisine que (presque) tout se passe. Commençons par la salle de bain.
> Le dentifrice
Après tout ce n’est que de la mousse. Et on s’obstine à acheter ce produit emballé et paqueté par-dessus le marché. On a déjà jeté une partie du produit avant même de l’avoir utilisé! On choisit le dentifrice solide, qui dure l’équivalent de deux tubes pour le Lamazuna et qui se finit sans avoir à jeter d’emballage (la boîte ainsi que le bâtonnet sont compostables). On peut aussi utiliser du bicarbonate de soude avec de l’huile essentielle de menthe poivrée mais étant potentiellement irritant, il est déconseillé de le faire tous les jours.
> Les cotons
C’est l’autre dépense inutile qui génère des quantité de détritus. On remplace son paquet de cinquante cotons qui nous dure deux semaines pour le coton réutilisable, qui revient six fois moins cher que les jetables et nous dure des années. On s’en fait un bon stock afin de ne pas replonger dans le cercle vicieux des jetables quand ils seront tous à la machine!
> Le shampoing
Passons au sujet qui fâche… le shampoing solide! Nous sommes nombreuses à être réticentes face à cet OMNI (Objet Moussant Non Identifié) mais promis, une friction et on a assez pour laver la chevelure de Raiponce! Lush en sont les leaders, mais on en retrouve aussi chez Lamazuna. Attention à ne pas laisser le bloc trainer dans la douce sous peine de le retrouver dans un sale état… On délaisse nos bouteilles de gel douche pour le traditionnel savon.
> Le shampoing sec
Au lieu de pourrir notre santé et planète à coups de sprays, on se fabrique notre propre shampoing sec. Il suffit d’ajouter 50 grammes de fécule de maïs à 20 grammes d’argile verte puis 1 cuillère à café de bicarbonate de sodium et enfin 10 gouttes d’huile essentielle de menthe poivrée. Plus pratique : prendre un flacon de fond de teint minéral avec un pinceau poudre.
> Le démaquillant
On se sépare de notre démaquillant ultra chimique et ultra cher pour la toute simple et efficace… huile de coco! Oui vous en avez déjà entendu parler, mais en plus d’être parfaite en cuisine, elle fait des miracles en tant que démaquillant. On en applique un peu dans la paume de ses mains, on frotte délicatement sur le visage et on enlève ensuite le surplus grâce à un coton (pas jetable, on vous voit!) ou en rinçant. On peut aussi se démaquiller avec de l’huile végétale, comme le dit Mamzelle Boom.
> Les serviettes et tampons
On perd des centaines d’euros et on pollue des tonnes chaque mois à cause des règles. Pourquoi ne pas sauter le pas et passer à la cup? Ayant une durée de vie de 10 ans, et coûtant une vingtaine d’euros ou moins selon les modèles, elle permet des économies, contrairement à la cinquantaine d’euros par an pour les serviettes et tampons! Pour se débarrasser des serviettes hygiéniques, il existe les serviettes lavables (oui vous avez bien lu, mais rassurez-vous et continuez la lecture). On commande un lot, et lorsque la serviette est usagée, on la rince à l’eau froide avec du savon, puis on la met de côté pour la laver le soir chez nous dans de l’eau et du vinaigre blanc. A la fin de la semaine, on met tout à la machine, et on recommence!
Le compost, la solution à portée de tous pour moins jeter
Bon, on a un peu menti, c’est la solution à la portée de presque tous. Le compost en ville c’est parfois mission impossible, à moins d’avoir une terrasse. La solution, c’est le lombricompostage, compost avec des vers. Attendez, ne partez pas, c’est tout simple. Il suffit d’un lombricomposteur : une boîte que l’on remplit de terre et de vers lombrics (pas de panique, la boîte étant hermétique et l’espèce préférant être enfouie sous terre, pas de risque d’invasion). Au menu (pour eux), déchets végétaux (épluchures, fleurs fanées), céréales (pâtes, riz), coquilles d’œuf, papier et carton, de quoi réduire drastiquement les sorties poubelle… On compte 250g de vers pour deux personnes et on suit un tuto si on a peur de se tromper.
Exploiter ses épluchures
“J’aime pas la peau”, “ça se mange pas”, “jette les épluchures”… Retirons ces mots de la bouche des enfants ou de la nôtre! Marie Cochard nous réconcilie avec les épluchures grâce à son livre du même nom. On y apprend aussi comment mettre en valeur ses aliments en les utilisant entièrement. On limite ses déchets en faisant des chips de peau de patates, patates douces ou carottes, c’est d’ailleurs dans la peau que se trouvent toutes les vitamines! Par exemple, avec un avocat, il est possible de booster sa salade en antioxydant en y ajoutant des copeaux de noyaux grillés. On donne une seconde vie à nos chaussures en cuir en les cirant avec des peaux de banane. Et pleins d’autres astuces seconde main dans son livre vendu 19,99€ aux éditions Eyrolles.
Les applications anti-gaspillage
Dans la famille connectées, anti-gaspillage et économies, on demande les applications! Too good to go, Optimiam, ou encore Mummyz, nos smartphones regorgent de solutions. Il suffit de choisir son repas ou son goûter, de le payer sur l’appli (de -20 à -50%!) et d’aller le récupérer en boutique! Produits ou repas frais, moins cher et qui soulage notre planète bleue, on dit oui!
Pour les flemmards
Si on n’a pas vraiment envie de s’impliquer si abruptement dans le mouvement, des petits gestes à la portée de tous peuvent permettre de réduire massivement nos ordures.
> Dans la rue
On ne jette plus rien par terre, que ce soit mégots de cigarette, en sachant qu’ils mettent 1 à 2 ans à se dégrader, chewing-gums (5 ans), ou papiers (2 à 5 mois). Et on va faire un tour ici pour avoir un déclic sur le jet des déchets dans la nature. On refuse tout ce qui est gratuit et dont on n’a pas besoin.
> Au supermarché
Il faut refuser les emballages et sacs et préférer les tote bags, sacs à vrac, tupperwares ou beaux pochons récupérés de cadeaux ou en magasins.
On arrête d’acheter des produits emballés qui n’ont pas besoin d’emballage! Vous ne trouvez pas ça fou de voir une clémentine, sans peau, et emballée dans du plastique?
> A la maison
On commence par apposer un stop pub sur la boîte aux lettres, imprimer recto verso, se faire un tiroir avec des feuilles de brouillon pour celles dont on a utilisé seulement un côté ou quelques lignes. Cela évite d’acheter des carnets ou des ramettes de feuilles.
On arrête complètement d’acheter du sopalin, et on le remplacer par une éponge en microfibre.
On utilise la technique des 6 mois pour les objets/vêtements dont on n’arrive pas à se séparer : les mettre dans une boîte, la scotcher, mettre la date dessus et stocker la boîte au fond de l’armoire. Si pendant 6 mois, on n’a pas eu envie d’aller les chercher, on ne l’ouvre pas et on la donne.
On préfère l’eau du robinet à celle en bouteille, car elle contient parfois plus de minéraux que l’eau en bouteille. L’eau du robinet coûte 200 à 300 fois moins cher que l’eau en bouteille : 2€ par an pour une consommation de 1,5L d’eau par jour pour l’eau du robinet contre 110 à 200€ par an pour les bouteilles en plastique. Le choix est fait, non? Attention néanmoins aux régions dont la qualité de l’eau n’est pas bonne.
Les associations qui contribuent à la réduction des déchets
De nombreuses associations qui fonctionnent sur la base des dons sont connues pour la récupération des denrées comme les restos du coeur, mais une nouvelle venue s’attaque à la grande distribution. Le chaînon manquant, présente sur Paris et Lyon redistribue une centaine de milliers de repas grâce à une centaine de bénévoles. La récupération s’effectue auprès de restaurateurs, traiteurs, supermarchés pour acheminer les denrées jusqu’aux associations. On n’hésite pas à s’engager dans les rangs de l’asso, aucun engagement n’est requis, vous pouvez y aller quand vous voulez!
(en trop aussi?)
On se met donc petit à petit à réduire nos déchets et à prendre exemple sur les autres pays, notamment à Hambourg où les capsules de café et l’eau en bouteille sont désormais interdits ou encore Londres et son frigo collaboratif.
Sacs à vrac : etsy.me/2m7H9mO / mamiecolette.com/sacs-a-vrac / sans-bpa.com/43_eco-bags
Zéro déchet, Béa Jonhson, 7,60€
> Article de Clarisse FELIX