Le Festival du Film de Mode ASVOFF sacre « To Die For », un court-métrage sur la mode qui tue
Soutenue pour la 1ère fois par le ministère de la culture, la 15ème édition d’ASVOFF (A Shaded View On Fashion Film) a distingué des lauréat·es internationaux·les aussi éclectiques qu’innovant·es.
‘To Die For’ et ‘I Remember My Dream’, plébiscités pour le fond et la forme
Du 9 au 12 novembre, le festival du film de mode ASVOFF a investi le quartier du Marais pour 4 jours de projections de films, de masterclass, d’hommages et de concerts dans un esprit de rencontres et d’échanges animés. Afin de récompenser les participants·es dans différentes compétitions, un jury XXL composé d’une vingtaine de personnalités a tranché sur les nombreux·ses propositions. Présidé par l’auteur, compositeur et interprète suédois Jay Jay Johanson, qui a aussi animé l’une des masterclass du festival portant sur la thématique du processus créatif, ce jury a compté parmi ses membres le designer sud-africain Thebe Magugu à qui le festival a rendu hommage : il est le premier africain à avoir remporté le Prix LVMH pour les Jeunes Designers de mode en 2019. Avaient également une place dans ce jury, les journalistes et critiques, Pascal K Douglas (Rédacteur en Chef de PAUL.E Magazine), Emma Davidson (Directrice des contenus mode chez Dazed média), Pierre A. M’Pele (à la tête du contenu éditorial de GQ France), les réalisateurs·rices Charlotte Colbert, Cuba Tornado, Odunayo Ojo (fondateur de la chaîne Fashion Roadman) et Gabrielle Lazure. Les artistes multidisciplinaires Mei Hui Liu, Paolo Calia étaient aussi de la partie, rejoints par l’influencer mode @couturefu. Deux représentants du 35-37, le designer et styliste Lucien Héritier ainsi que Djeason Valerio, set designer, ont également visionné une quarantaine de films dont une poignée fut sacrée.
Coté palmarès ?
‘Action Now’ de Suzanne Veuriot a remporté le prix Best Climate Warriors
Le Meilleur film de mode généré par une IA est attribué à ‘Tensho’ de Ced Pakusevskij
‘Ethereal Maiden’ de Boiana Aleksandrova remporte le Prix du Meilleur Film étudiant, ‘B Perfect’ d’Emma Skarniak raflant la Mention spéciale du jury
‘The Demons of Dorothy’ d’Alexis Langlois gagne la catégorie Prix The Queer Archive
‘From Tha Gods to Earth’ de Malakai remporte le Prix Black Spectrum
‘It is Not Spring, Until All Flowers Blossom’ de Curry Sicong Tian reçoit la Meilleure Exploration du Film de mode chinois
‘I Remember My Dream’ de Jhenyfy Muller remporte la Meilleure Direction Artistique
‘Nocturna’ par Ed Edwards et Kim Ryan est primé par le Prix Best Sound Design »
‘‘0000‘ a Film by Injury’ par Eugene Leung rafle la récompense de la Meilleure publicité
‘Daphne Guinness Hip Neck Spine BTS’ par Milosh Haradja remporte le Prix Beauté
‘Choco Hoax’ par Alice Fassi gagne le Prix de la Meilleure Performance
‘Hanguk’ par Hunter et Gatti gagne le Prix des Meilleures retouches
La meilleure cinématographie est décernée à ‘Artificial Flower’ de Zehua Wu
‘To Die For’ par Dylan Eno Sprik remporte le Grand Prix
Black Spectrum, The Queer Archive, Invisible Beauty ont ému le public
De nombreux temps forts ont émaillé ce long week-end dédié à l’art de faire des films autour et au sujet de la mode. À commencer par l’avant-première en France de ‘Invisible Beauty’, le documentaire réalisé par Bethann Hardisson et Frédéric Tcheng. Déjà encensé à travers le monde, ce film remonte le fil de l’histoire extraordinaire de l’une des premières femmes noires-américaines à avoir défilé pour des grandes marques de mode, devenant par la suite agent de mannequins, avant de se lancer dans l’activisme pour la cause des modèles noir·es dans un milieu qui a encore du mal à endiguer les problèmes de discrimination, de racisme systémique et de représentation des minorités non-blanches en son sein.
Afin de proposer un éventail pluriel de la création audiovisuelle mondiale, ASVOFF fut également le théâtre de projection de films issus de la sélection Black Spectrum, finement curatée par Melissa Alibo. Des films comme ‘Diarabi’ réalisé par Karlton Seydi, ou encore ‘They Comme, They Go’ réalisé par Cameron J. Ross ont fait vibrer, sourire et danser un public friand de création artistique explorant les frontières des conventions cinématographiques. La sélection The Queer Archive, quant à elle, fut la part belle à la mise en lumière de la communauté queer et LGBTQIA+ avec comme cerise sur le gâteau le film documentaire consacré à George Platt Lynes, photographe de mode de talent, dont les nus érotiques représentants des hommes dans le plus simple appareil ont, pour certain·es, ont participé à le faire oublier de la postérité. Injustice que tente de rectifier ‘Hidden Master: The Legacy of George Platt Lynes’, en nous plongeant dans l’histoire personnelle et professionnelle d’un génie de la photo du début du 20ème siècle.
Diane Pernet, icône de mode et pont entre le présent et le futur
L’américaine Diane Pernet co-fondait il y a 18 ans A Shaded View on Fashion Film Festival, le premier festival dédié aux films de mode, inspiré par le nom de son blog A Shaded View on Fashion.
Après avoir effectué des études de Cinéma sur la côte Est des États-Unis, Diane Pernet devient costumière avant de fonder sa propre marque de vêtements. D’abord très colorées, ses créations prennent une autre tournure, s’assombrissent, pour devenir totalement noires. Elle quitte New-York après la terrible décennie 1980 qui lui retire nombre de ses amis, victimes de l’épidémie du Sida. Arrivée à Paris, elle devient journaliste. Elle écrit notamment pour Elle, Vogue… Elle fait quelques apparitions au cinéma, dans ‘Prêt-à-porter’ de Robert Altman en 1994 et plus tard dans ‘The Smell of Us’ de Larry Clark. À la croisée des univers et en avance sur son temps, elle crée son blog A Shaded View on Fashion en référence aux lunettes noires qu’elle ne quitte jamais. Crée en 2008, s onfestival du film de mode vise à encourager et à favoriser l’essor d’artistes émergents·es du monde entier. Cette quinzième édition est très particulière car elle a obtenu l’homologation officielle du ministère de la culture, preuve qu’ASVOFF participe au patrimoine culturel français.
Article de PK Douglas et Julie Boone