KUMISOLO NOUS OUVRE SON APPARTEMENT
Photos de Julien Bourgeois
Kumisolo a le pouvoir de vous rendre heureux ! Sa musique est un concentré de bonne humeur et de pensée positive. Une ode au plaisir simple prodiguée avec une innocence juvénile. Passionnée de cuisine et de mode, Kumi Okamoto, de son vrai nom, touche à toutes les disciplines pour barbouiller son univers de couleurs chatoyantes. D’origine japonaise, elle vit à Paris depuis une quinzaine d’années. Elle nous a ouvert les portes de son appartement pour nous dévoiler un peu de son intimité et de son univers.
Quand on pousse la porte d’entrée, on est surpris de voir apparaître une toute petite fille qui répond au doux nom de Miyo, trois ans. Avec Barbapapa pendu à son bras, elle joue les fées du logis et déballe tous ses jouets sur le tapis patchwork du salon. Kumi reconnaît avec bienveillance que son univers et celui de sa fille ne font plus qu’un désormais. On est dans le 9ème arrondissement près de Barbès, dans un appartement parisien, petit mais fonctionnel, qu’elle partage avec son partenaire à la ville comme à la scène, Romain Dejoie, guitariste et membre historique des Kung-Fu Boys qui l’accompagnent sur scène.Dans le salon, de chaque côté d’une fine cloison, un studio de fortune et la chambre parentale, terrain de jeux favori de la petite Miyo. Les livres pour enfants débordent de la bibliothèque et le décor de Guignol envahit la pièce principale. « Pour son anniversaire, on a joué Le Petit Chaperon Rouge avec ses amis, se souvient Kumi. Elle était très excitée à l’idée de jeter des ballons sur le grand méchant loup (rires). »
Kumi a grandi au Japon où elle apprend le français et fantasme le Paris des années 60 dans les films de la Nouvelle Vague. « Je rêvais de retrouver les personnages d’Eric Rohmer qui philosophent au comptoir ou à la terrasse des cafés. » Installée dans la capitale depuis 2001 pour suivre des études de cinéma à l’université Paris VIII, Kumi est devenue parisienne jusqu’au bout des ongles, dotée d’une aisance particulière dans les couloirs du métro. Romain, lorsqu’ils se sont rencontrés, la surnommait « ma petite souris ». « Parce qu’elle arrivait à se faufiler, elle connaît les itinéraires les plus courts, elle sait s’il faut monter en tête ou en queue de train pour la correspondance. Elle est plus parisienne que moi en fait (sourire). » A son arrivée, elle s’est même payée le luxe de s’inviter chez son réalisateur préféré après avoir déniché son numéro dans les pages blanches. « Eric Rohmer m’a gentiment accueilli dans son bureau et j’ai pu constater que c’était un vrai séducteur, plaisante-t-elle. Au moment de partir, il m’a fait la bise un peu trop près des lèvres ! J’arrivais du Japon où on est un peu distants et même si je l’adore, ça m’a un peu choquée (rires) ! »
Gamine, elle voue un véritable culte au musicien-producteur Haruomi Hosono du Yellow Magic Orchestra, et avoue à demi-mot son admiration pour Seiko Matsuda, chanteuse japonaise des années 80 au visage de poupée. Après le cinéma, c’est tout naturellement vers la musique que la jeune Kumi se dirige. En France, elle trouve les moyens de réaliser son ambition. Loin des « Idols » et des froufrous, du showbiz et des esthétiques kawaii, elle revendique sa filiation au courant Shibuya-kei et des chanteuses comme Kahimi Karie, pas du tout cucul. « Au Japon, en matière de musique, on adore tout ce qui est surchargé et les voix très aigues. Alors qu’en France, même quand on fait de la pop, ça reste assez sobre et minimaliste. Ça me correspond ! » Elle ne se verrait pas retourner vivre au Japon tant elle est tombée amoureuse de la culture française, du pain, du fromage et des pâtisseries surtout. « S’il faut parfois que je crie pour qu’on m’entende, c’est aussi ce que j’aime ici. Je ne me suis jamais autant intéressée à la politique depuis que je vis ici. Au Japon, on n’incite pas les jeunes à s’engager ou même à penser par eux-mêmes. Il y a moins de liberté. Tout est très superficiel. Et par-dessus tout, la pression sur la société est très forte. Il faut se marier ou faire une brillante carrière. »
Le couple partage le goût des vide-greniers. Kumi, elle, est une collectionneuse compulsive. En témoigne une pochette en plastique où elle conserve toutes ses trouvailles. Pêle-mêle, on trouve de jolies cartes postales, des gommettes, des autocollants de toutes sortes et clou du spectacle, un étui de collants de l’époque. « C’est vintage, justifie-t-elle dans un éclat de rire. Avant d’emménager ici, je collectionnais aussi les autocollants de fruits. J’en collais partout à l’intérieur des placards. Romain détestait ça. » Kumi a finalement accepté de faire le deuil de sa passion envahissante. Aujourd’hui, c’est avec Miyo qu’elle se bat pour qu’un objet trouve lieu et place dans son appartement. « Elle n’a que trois ans mais elle a déjà ses préférences, sourit-elle. En ce moment, on adore les figurines de Taupek, la petite taupe. C’est mon amie illustratrice japonaise, Kaori Mitsushima, qui nous les ramène de République Tchèque où elle vit désormais. Ce sont des jouets en bois qui ont échappé à la mondialisation depuis les années 70. » Heureusement que sa fille ne voit pas d’inconvénient à ce que trône au milieu du salon le lecteur CD LEGO que sa mère chérit depuis son arrivée en France. « Je l’ai ramenée du Japon quand je suis venue vivre à Paris. A l’époque, j’habitais un petit studio dans le 13e. Il a une valeur sentimentale, je ne pourrais jamais m’en séparer. »
KUMISOLO :: Kabuki Femme Fatale (La Baleine/Idol/Alter K)
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