ELSA MUSE : NOTRE MUSE DU MOMENT

Photo : Marine Toux, shooting pour Paulette Magazine


Pendant le shooting et l’interview, nous avons attendu le soleil et le réconfort de sa chaleur — sans succès. Ce n’était pas bien grave, Elsa Muse est si rayonnante qu’elle illumine à elle seule n’importe quel échange. Autour d’un chocolat chaud, nous avons parlé de son entreprise, de sa vie, de ses projets, de ses aspirations. Sans faire de sexisme ordinaire, on peut dire qu’Elsa est aussi belle qu’inspirante et spontanée. On vous laisse comprendre par vous-même.


Qui es-tu Elsa Muse ?

Elsa : J’ai 31 ans et je viens d’un petit village de Picardie, où j’ai vécu jusqu’à mes 17 ans. Mon vrai nom, c’est Elsa Snackers, Elsa Muse est un pseudo, je l’ai choisi pour le jeu de mots ! J’ai créé mon blog il y a cinq ans, et ce nom, je l’avais en tête depuis longtemps. Je trouvais qu’il racontait une histoire : « Elsa Muse » ressemble à « Elle s’amuse ». Ce pseudo a un côté enfantin et ludique, mais il est aussi inspirationnel, avec la référence à la muse.


Tu nous parles de ton parcours ?

J’ai toujours su que je voulais faire quelque chose de créatif, donc dès le bac, j’ai visité plein d’écoles d’infographie, de design et de stylisme. Mais comme j’étais bonne élève et que j’écoutais bien mes profs et mes parents, j’ai fait une prépa HEC à Lille, puis une école de commerce à Dijon. J’y ai choisi le marketing, car c’est ce que je trouvais de plus créatif dans le milieu de l’entreprise. J’ai ensuite fait un stage chez L’Oréal, où je réfléchissais sur le concept des produits et les packagings, je travaillais avec les agences sur les visuels et la pub. C’était très visuel et conceptuel, ça m’a beaucoup plu ! Mais l’ambiance dans une grande société, avec beaucoup de conflits, ne me ressemblait pas. J’ai ensuite fait trois ans chez La Colline, une boîte de skincare où je faisais du marketing-développement sur de l’anti-âge. Il n’y avait rien au niveau créatif, c’est pour ça que j’ai créé le blog en parallèle : il fallait que je trouve une activité qui m’occupe, un peu comme une cour de récré ! À cette époque, c’était le début de la tendance Do It Yourself. J’en faisais aussi, alors je me suis dit : pourquoi ne pas partager cette passion ? J’y parlais beaucoup de beauté — les composants des produits et leur efficacité — et la partie DIY était plus axée sur la mode. Le blog m’a vite rapporté de l’argent, c’était le début de ce type de business. Comme je faisais de jolies choses, de manière originale avec du stop-motion, des marques m’ont contactée pour faire des placements de produits. Depuis, j’ai même créé le studio Mumuse. C’est donc vite devenu un véritable métier. Un jour, je me suis dit que je m’ennuyais dans le marketing, du coup j’ai pris le risque de tout plaquer et de me lancer dans le blog à plein temps. Ça fait maintenant quatre ans et je n’ai jamais regretté cette décision, car je me suis vraiment trouvée. Le blog ne fait qu’évoluer : j’ai aujourd’hui une vision (le côté inspirationnel et la création), des valeurs (le côté ludique, enfantin, décalé et drôle) et une mission (en plus de proposer des idées à réaliser en DIY, j’aime bien donner des clés pour se réaliser).


Tu es donc cheffe d’entreprise. Qu’est-ce que ça a changé pour toi ?

Quand je travaillais dans le marketing, je n’étais pas du tout épanouie. Je ne prenais pas de plaisir au travail, j’avais mal au ventre, je me sentais privée de liberté : tu as une heure pour déjeuner, de treize à quatorze heures, et si tu arrives à quatorze heures dix, on te fait les gros yeux et tu dois t’excuser. Ça ne m’allait pas. Quand j’ai tout quitté pour me lancer à mon propre compte, j’ai eu la chance de faire de mon travail un terrain de jeu. En revanche, je travaille énormément ! Mais tant que je m’amuse, je continue, et je suis heureuse de me lever le matin.


Tu as aujourd’hui une associée, Pauline. Pourquoi ?

Pendant trois ans, j’ai travaillé toute seule, c’était cool et je bossais chez moi en pyjama (Rires). Mais à un moment, il faut agrandir son entreprise et toute seule, je ne pouvais pas tout faire. Donc en janvier dernier, je me suis associée à Pauline, une nana qui a un profil très business. Elle était directrice marketing chez L’Oréal et gérait de grosses équipes. C’est un copain qui nous a mises en contact et on a eu un coup de cœur l’une pour l’autre. Elle cherchait justement à entreprendre quelque chose, à trouver une communauté et à partir de celle-ci, créer une marque. Lors d’un dîner chez elle, elle m’a fait une grande présentation pour me dire qu’ensemble, on pourrait faire telle ou telle chose. Moi, je n’ai pas du tout un profil business ! C’est un peu « Elsa et les petits oiseaux » (Rires), et si je le pouvais, je travaillerais gratuitement, tant que je m’amuse. Je me suis donc dit que c’était d’une nana comme ça dont j’avais besoin pour cadrer, structurer et développer mon projet. On s’est associées et depuis, on est huit. On a vite recruté, car elle m’a dit tout de suite : « Lance-toi, recrute et fais-toi aider ». De mon côté, j’avais peur de perdre ma liberté en recrutant, peur de manager, peur de déléguer. Mais en fait, c’est chouette. Ce n’est pas facile, mais c’est enrichissant de travailler avec d’autres personnalités, avec des gens qui ont d’autres compétences que toi.


En décembre 2016, tu déclarais vouloir « devenir une success woman ». Tu commences à toucher ton rêve du doigt, non ?

J’ai regretté de l’avoir dit ! Ça ne me ressemble pas. Bien sûr, j’ai envie de reconnaissance, je suis contente quand on me dit que ce que je fais est bien. Lorsque ton projet touche un maximum de personnes, c’est gratifiant. Quand je vois des gens qui ne sont partis de rien et qui ont créé des marques de manière complètement autodidacte, comme Glossier, je me dis : pourquoi pas moi ? Puis il y a aussi le côté financier, j’avoue que j’aimerais bien gagner assez d’argent pour ne plus avoir à me soucier du travail. Cependant, je ne suis pas une success woman, je ne veux pas la réussite à tout prix, le principal est de rester épanouie. Ma maman a fait une dépression très grave à cause du travail et vraiment, je ne veux pas que ça m’arrive. Surtout pas à cause du boulot. Je ne veux jamais me rendre malade à cause de ça : ce ne sera pas la réussite contre la santé et l’épanouissement !


Tu nous parles de ta box ?

En brainstormant avec Pauline, le concept de la box DIY est arrivé très vite sur le tapis, car le DIY fait partie de l’ADN « Elsa Muse » depuis toujours. La box sort chaque mois avec un thème décalé, avec des jeux de mots, des termes à double sens. Le thème est décliné en un DIY de mode et un DIY de beauté — pour réaliser des choses —, et un DI Y pour soi — pour se réaliser. Pour la mode, on met des accessoires de mercerie et on propose des tutos sur un site en ligne auquel on accède via un code. Quant à la beauté, on donne des recettes de cosmétiques et des ingrédients bruts, comme de l’huile de coco, des huiles essentielles, des cires, etc., mais aussi des petits stickers pour écrire la date sur les produits, car il ne faut pas les conserver trop longtemps. Dans la première box, « Prendre son pied », on a mis de quoi fabriquer un accessoire de chaussures, inspiré des défilés de mode, et de quoi réaliser des soins pour les pieds. Dans la partie développement personnel, puisque « prendre son pied » fait également référence au plaisir, on a abordé l’orgasme, le clitoris, le tout de façon assez ludique et décalé. On a aussi fait un carnet de jeux et en ligne, on trouvait des interviews YouTube, des podcasts et d’autres petites choses à lire. De manière générale, je pense les box comme des livres d’art : instructives et artistiques. Elles sont d’ailleurs pensées pour être collectionnées.


Tu as des tonnes d’idées doublées d’une empreinte artistique bien à toi. Elsa Muse aurait-elle une muse ?

Je me nourris de plein de choses ! Les idées, je les trouve partout. Un jour, j’étais à la plage avec un copain et je cherchais une idée pour faire un stop-motion avec un sac à dos Lancel. Ce copain m’a parlé de papillon et je me suis dit qu’on pourrait mettre des ailes au sac à dos, et que les pièces métalliques ressemblaient à des chrysalides. Les idées peuvent venir des conversations, mais surtout d’Instagram. Je suis des comptes de toutes sortes : ceux de créatifs, de mannequins, de magazines, de photographes, d’artistes. Je passe mon temps à faire des captures d’écran !

Photo : Marine Toux, shooting pour Paulette Magazine


Tu as l’air de vivre à cent à l’heure, où puises-tu ton énergie ?

J’essaye d’avoir une vie équilibrée : je ne dors pas énormément, mais il m’arrive de faire des week-ends d’hibernation chez mes parents. Je travaille beaucoup, mais parfois je dis stop. J’essaye de préserver ma vie amoureuse, ma vie amicale, ma vie personnelle. Il faut faire attention à cultiver l’amitié et l’amour sinon, on peut vite devenir dingue ! Il faut prendre du recul : si le client a son rendu le lundi plutôt que le vendredi, je me dis que ce n’est pas bien grave.


Que fais-tu quand tu prends du temps pour toi, quand tu as besoin de souffler ?

J’aime bien regarder des séries au lit (Rires). Elles sont tellement visuelles aujourd’hui qu’elles me donnent de l’inspiration. J’aime aussi aller chez mes parents, rester en pyjama toute la journée, faire des balades avec le chien, manger les plats de maman. Et j’adore les week-ends en amoureux. J’avais téléchargé une application de méditation, car j’avais l’impression de ne jamais vivre l’instant présent : je pense à tellement de trucs à la fois que je suis souvent dans la lune. Du coup, je m’étais dit que j’allais me mettre à la méditation pour canaliser mes pensées et mes idées. Sauf que ça a duré une semaine, puis j’ai abandonné… Mais j’aimerais bien faire du yoga ou des Pilates ! Je fais des soins à la maison, je profite pour faire des masques quand je regarde des séries. C’est important de prendre soin de soi.


Tu es dans quel mood en ce moment ? 

Je suis en plein changement : je me suis associée à Pauline, je me suis séparée de mon copain avec qui j’étais depuis dix ans, j’ai déménagé, j’ai eu trente ans. Nouvelle décennie, nouvelle vie, nouvelle énergie. Je m’écoute davantage. Le fait d’avoir quitté mon job et d’avoir fait ce que je voulais faire de la façon dont je le voulais m’a tellement épanouie ! Je me suis trouvée aussi bien mentalement que physiquement. D’ailleurs, depuis le blog, je mets davantage mes « défauts » en avant, en travaillant notamment sur les trois identités graphiques de mon blog : mes gros sourcils — que j’épilais à fond avant, car je les trouvais trop poilus —, mon visage carré qui peut faire un peu masculin, et ma bouche un peu asymétrique. Je voulais assumer ma beauté en mettant en valeur mes caractéristiques physiques. Et mentalement, je veux assumer mes différences : alors oui, je suis tête en l’air et bordélique, mais je m’en sers dans ma créativité. Mon ex n’aimait pas ces particularités et a toujours voulu me changer. Maintenant, il faut m’accepter comme je suis. J’entre dans une décennie où je fais ce qu’il me plaît !

Photo : Marine Toux, shooting pour Paulette Magazine


Tu souris tout le temps, qu’est-ce qui te rend si positive ?

Je ne le fais pas exprès, c’est naturel ! Je suis balance ascendant balance, je n’aime pas le conflit (Rires) ! Cela dit, je me sers de ma bonne humeur et de mon sourire comme d’une arme (Elsa est arrivée à notre rendez-vous en retard, mais avec un paquet de chouquettes à la main et un grand sourire aux lèvres, et c’est vrai qu’on lui pardonne tout, ndlr).


Ton premier shooting était pour Paulette et tu as réalisé des DIY pour le magazine, tu te sens toujours Paulette aujourd’hui ?

Ça a été un tremplin ! J’ai l’impression d’avoir grandi avec Paulette, de la version plus girly à la version actuelle, qui me correspond davantage aujourd’hui. Paulette est une famille, une communauté. Paulette, c’est être soi-même, c’est la beauté assumée. Être une Paulette, c’est être entrepreneuse et engagée, donc oui je m’y retrouve carrément !


Box Elsa Muse, 27,90 €, disponible sur le site

elsamuse.com

Article de Juliette Minel

Article du numéro 37 « Soleil d’hiver »

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