COUP DE CŒUR DE LA RENTRÉE LITTÉRAIRE : ÊTRE ICI EST UNE SPLENDEUR DE MARIE DARRIEUSSECQ
Paula Modersohn-Becker voulait peindre et c’est tout. Elle était amie avec Rilke. Elle aimait le riz au lait, la compote de pommes, marcher dans la lande, Gauguin, Cézanne, les bains de mer, être nue au soleil, lire plutôt que gagner sa vie, et Paris. Elle voulait peut-être un enfant. Elle a existé en vrai, de 1876 à 1907.
Mais elle est morte suite à un accouchement raté. On peut imaginer la scène : on lui a sûrement dit de se reposer dans son lit au milieu de couvertures qui piquent la peau. On a dû lui répéter que tout irait bien malgré sa sensation profonde que quelque chose clochait, quelque chose qui lui arrachait le ventre, ou plutôt, soyons précis, ses ovaires, son utérus. Bref, tout ce qui lui a permis d’attendre un enfant, de devenir mère et de mourir comme des milliards de femmes à travers les siècles se sont effacées en donnant la vie. Il y en a encore aujourd’hui, parce qu’elles sont pauvres, parce qu’elles doivent marcher des jours entiers pour dénicher un hôpital où le mot gynécologue est tabou ou parce que comme en Chine, le corps de la femme ne lui appartient pas. Ainsi, il était une fois une jeune chinoise qui souffrait terriblement lors de son accouchement. Elle demande une césarienne. Son mari et ses parents refusent. Elle devra enfanter dans la douleur. Elle n’en peut plus. Elle se jette par la fenêtre. Ceci est une histoire vraie. Il y a quelque chose de pourri dans le royaume des hommes.
Bonne lecture !
> Article de Sandrine Capelle