CAROLINE FAINDT : « JE SUIS AMOUREUSE DE LA COULEUR »
Caroline Faindt est artiste peintre à temps plein depuis maintenant 8 ans. Avant ça, elle a eu d’autres vies. Pourtant, l’art a toujours fait partie d’elle. Elle nous raconte son histoire, haute en couleurs – littéralement.
Actuellement en résidence artistique à Saint-Gervais, Caroline Faindt s’est lancé un challenge : celui de créer ses propres pigments, à partir d’éléments naturels. Aujourd’hui, elle a 39 ans. 20 ans en arrière, alors étudiante en cosmétique, elle ne se serait jamais imaginée être artiste peintre. Et parce que chez Paulette on adore son art, on a voulu lui poser quelques questions, entre couleur, inspiration et projets… Interview.
Bonjour Caroline ! Comment vas-tu ?
Bonjour Clémence ! Écoute, ça va plutôt bien. On sort quand même d’une période assez compliquée et le domaine de la culture renait, petit à petit… Ça fait du bien. Là, je suis actuellement en résidence artistique à Saint-Gervais, je sors d’une résidence à Antibes et il s’est passé plein de choses. Je peux à nouveau créer, montrer mon travail, vendre… Et ça c’est chouette.
Aujourd’hui, tu es artiste peintre. L’art et toi, ça a toujours cliqué ? Peux-tu nous raconter ton parcours ?
Je peins depuis l’âge de 23 ans. C’est arrivé un peu par hasard dans ma vie. Pourtant, j’ai longtemps eu envie de m’exprimer artistiquement, et ce depuis toute petite. J’ai très vite fait un peu de théâtre, j’ai chanté… Mais je n’avais jamais pensé à la peinture. Et puis, à l’âge de 23 ans, alors que j’étais formatrice pour la division luxe du groupe l’Oréal, je suis allée au Salon d’Art Contemporain de Strasbourg et j’ai été bouleversée par le travail d’une artiste. J’ai eu une révélation. Je me suis dit : « Mais, c’est ça que j’ai envie de faire ! » Quelques jours après, une amie m’a trainée pour acheter des pinceaux, j’ai commencé à peindre et je n’ai plus jamais arrêté.
Je n’avais pas dans l’idée d’en faire un métier, ça devait juste rester un loisir… Mais petit à petit, on m’a proposé de plus en plus de projets, de collaborations, d’expositions. Et c’était une telle source d’épanouissement que j’ai tout arrêté. À l’époque, je travaillais dans l’audiovisuel. Ça fait 8 ans maintenant que je vis de mon art.
Pourquoi tes peintures sont-elles si colorées ? C’est une preuve d’optimisme ?
Je suis une amoureuse de la couleur au sens le plus large du terme. J’aime la couleur et je l’aime partout. Sur les visages, dans mes vêtements, dans mes amitiés, sur les murs, autour de moi… Mon premier médium, c’était le maquillage. Et il y avait déjà une histoire de couleurs. Car quelque part, le maquillage, c’est sublimer quelqu’un·e par la couleur. C’était un aspect qui me fascinait. Et je le retrouve à travers la peinture, à travers mon travail.
En fait, je veux retenir ce qu’il y a de plus beau et d’essentiel. J’ai envie d’apporter une forme de bonheur aux autres. Et c’est ce que j’essaye de faire à travers mon art. J’ai longtemps peint sur l’amour, les célébrations, la vie… Et je ne peins que quand je vais bien. Une peinture c’est avant tout de l’émotion… Et la couleur, c’est la vie.
D’où tires-tu ton inspiration au quotidien ? Est-ce que tu as des artistes repères ?
Je dirais que l’inspiration est partout. Parce que la couleur, par définition, il y en a de partout ! Je peux marcher, voir une femme avec une robe et être inspirée par ce que je vois. Ça peut être tellement de choses ! Des mots, une discussion, des paysages, une photo, une musique… Mon premier souvenir de peinture, c’est Monnet et l’impressionnisme. J’aimais beaucoup ça, car ça laissait une part au rêve. Je n’ai jamais aimé ce qui était trop figuratif. Même si je suis très admirative de la technique, je suis toujours très inspirée de l’abstrait… Sinon, en vrac, j’adore Chagall, Klimt, JonOne, Hom Nguyen… Il y a tellement d’artistes, tellement de choses différentes que j’aime. Je trouve ça formidable.
Cherches-tu à faire passer un message à travers ton œuvre ? Si oui, lesquels ?
Pas vraiment. J’ai des convictions dans la vie, mais je ne veux pas forcément être une artiste engagée. Je mets beaucoup d’émotion dans mes peintures, mais je ne veux pas imposer de lecture aux autres. C’est ce que j’aime dans l’art abstrait. Chacun·e peut voir ce qu’iel a envie de voir. Chacun·e peut raconter sa propre histoire. C’est important, pour moi, que le·a spectateur·rice puisse se sentir libre. Car pour moi, la peinture, c’est la liberté.
Par contre, fun fact, il y a une petite clé physique cachée dans tous mes projets artistiques, jamais au même endroit. C’est l’une de mes signatures. Car pour moi, la peinture a été la clé de mon épanouissement. C’est une symbolique assez forte, parce que ça m’a littéralement « ouvert des portes ». Il y a une vie avant et une vie après. C’est aussi une manière d’interagir avec les gens·tes, de leur faire regarder mon travail autrement, sous un œil nouveau. « Rentrez dans mon univers, je vous ouvre les portes, je vous donne la clé ! »
Tu es actuellement en résidence à Saint-Gervais jusqu’au 5 août. Tu étais à Antibes avant. Comment ça se passe ? Tu nous racontes ?
Une résidence artistique, c’est lorsqu’une ville (ou un endroit) met à disposition un lieu pour pouvoir créer. Ça permet, en fait, de sortir et d’aller chercher l’inspiration ailleurs. Quand tu es en résidence, tu es à 100% dédié·e à ton travail et à la création. Tu n’es pas dérangé·e par ton quotidien. C’est une vraie possibilité d’évolution. Et cette fois-ci, j’ai voulu innover, proposer des rencontres et fabriquer mes pigments moi-même, avec de la betterave, du chou, des fleurs, de la terre… C’est un bon challenge !
Tu vois comment la suite ?
Je la vois encore plus belle et encore mieux. J’ai la chance de vivre de mon art et de ma passion, mais j’ai encore plein de rêves et beaucoup d’ambition. J’ai envie de croquer la vie à pleine dent, j’aime profondément la vie. Et j’ai encore le monde à conquérir !
On te le souhaite. Merci, Caroline !
Pour en savoir plus sur elle, ça se passe sur son site internet et sur Instagram. Et si tout se déroule comme prévu, vous aurez peut-être la chance d’aller voir l’une de ses expositions en octobre, à Paris !
Article de Clémence Bouquerod