4 COMÉDIES MUSICALES POUR CELLEUX QUI LES DÉTESTENT
Les comédies musicales vous sortent par les yeux ? Vous n'êtes pas seul·e. Mais on va quand même tenter de vous réconcilier avec quelques classiques qui échappent aux "travers" qui pourraient vous irriter.
Le genre est loin de faire l’unanimité. En même temps, on comprend, voir ses acteur·rices préféré·es pousser la chansonnette en pleine romcom peut rapidement filer des frissons de gêne. Ajoutez à cela une maîtrise approximative de leur voix et de sa justesse, et des paroles qui s’enfoncent toujours plus dans la facilité et le drama, et on obtient un cocktail culturel légitimement déclencheur de levers de yeux aux ciel, à s’en décoller la rétine.
Oui, mais voilà, il s’agirait de ne pas mettre toutes les comédies musicales dans le même panier. Certes, Moulin Rouge a de quoi être crispant (pour qui ne croit pas en l’amour ni en la poésie ni en la vie, finalement), mais il existe bien des références qui s’éloignent des codes marqués (au bas mot) du bijou de Baz Luhrmann. Et nombreux·ses sont les réfractaires qui auraient tort de tirer un trait sur tout un pan du cinéma contemporain sans en connaître les versions moins horripilantes.
Parce que notre mission est de vous convaincre (et aussi de prêcher pour notre paroisse pro-musicals), voici une courte liste de longs-métrages qui manient à merveille l’art du film ponctué de morceaux entraînants, et qui ne vous donneront pas envie de crier dans un coussin pour autant.
"Tick, Tick… Boom !"
Tick, Tick… Boom ! met en scène Andrew Garfield dans la peau de Jonathan Larson, trentenaire en quête de gloire artistique dans le New York des années 90, alors que l’épidémie du Sida continue sa propagation meurtrière.
Depuis 8 ans, il planche sur un laborieux projet de comédie musicale et travaille comme serveur dans un diner en parallèle pour payer son loyer. Justement, dans la vraie vie, c’est la pièce Rent (« loyer », en anglais) qui le fera connaître et restera à l’affiche de l’emblématique quartier de Broadway pendant 12 ans. Un succès à titre posthume, puisque Jonathan Larson décédera avant la première.
Dans l’œuvre diffusée sur Netflix et réalisée par Lin-Manuel Miranda (le cerveau derrière Hamilton, gros gage de qualité), les chansons ne tombent pas comme un cheveu sur la soupe au milieu d’une balade au clair de lune, ou pour insister sur le fait qu’un personnage vit (très) mal sa rupture. Elles prennent vie au fil des expériences du héros, certes, mais s’inscrivent dans son travail, sans jamais sombrer dans un pathos qui en aurait fait transpirer plus d’un·e. On prend !
"The Rocky Horror Picture Show"
Celle-là, on vous conseille de la vivre en live plutôt que d’acheter la version numérique en VOD un soir de disette. Le Rocky Horror Picture Show est un tel monument du 7e Art que les séances du Studio Galande à Paris, où il est projeté depuis 35 ans, se jouent souvent à guichet fermé. Même plus de 45 ans après sa sortie. Dans le trailer, une bouche rouge sur fond noir annonce d’ailleurs la couleur : “Vous avez vu tout type de films, mais aucun de comparable au Rocky Horror Picture Show”. Vous êtes prévenu·es.
On y suit Brad Majors (Barry Bostwick) et Janet Weiss (Susan Sarandon) qui débarquent dans un manoir après s’être paumé·es sur la route. Couple BCBG ultra-coincé, les jeunes fiancé·es se retrouvent dans la demeure folle du Dr Frank-N-Furter (Tim Curry), “sorte de Dr. Frankenstein en corset-guêpière et compensés 70’s”, décrit la journaliste Rossana Di Vincenzo dans Télérama. Lieu dont personne ne ressort indemne. L’histoire n’a rien d’incroyable – voire rien de très travaillé – mais les tableaux, eux, partent dans tous les sens et oscillent merveilleusement entre kitsch, mauvais goût et génie pur.
En plus de la diffusion sur le grand écran, une troupe joue en simultanée sur la scène et les spectateur·rices sont invité·es à se munir d’eau et de riz pour accompagner “le mariage et l’orage”. Mystérieux. Dans le public, ça danse, ça chante, ça connaît les paroles par cœur et ça vient du bout du monde. Rien que pour l’ambiance, ça se tente.
"Dreamgirls"
Si vous n’y allez pas pour Beyoncé, allez-y pour Jennifer Hudson, et inversement. Dreamgirls raconte le parcours d’un groupe de trois chanteuses dans les années 60 et 70 aux Etats-Unis, les Dreamettes. Au milieu des galères du début, des rivalités, de l’ascension fulgurante au statut de star et des manipulations d’un producteur véreux qui font du long-métrage une réussite scénaristique, on retrouve des morceaux disco et soul devenus de véritables tubes.
Petites préférences ici pour Listen, interprété par Queen B, I Am Changing, de Jennifer Hudson ou encore Move, du trio au complet avec Anika Noni Rose. On en ressort avec des étoiles plein les yeux (chouette), l’envie de danser (chouette) et un peu aussi celle d’enregistrer un album (ambitieux).
Quoiqu’il en soit, vous n’aurez pas l’impression une seconde d’avoir passé plus de 2 heures à subir les affres d’une comédie musicale, et c’est l’important.
"La La Land"
Le couple Ryan Gosling-Emma Stone devrait incarner une raison suffisante de lancer la fiction oscarisée de Damien Chazelle. Mais si vous en voulez plus, vous ne serez pas en reste.
Au hasard, on cite : les dialogues, le style des deux protagonistes, l’authenticité de leur histoire, John Legend. Le caractère mi-détestable, mi-adorable de Sebastian, le tempérament déterminé et pas prêt à se laisser marcher dessus de Mia. Et puis, les mélodies, l’ambiance vintage grâce au 35 mm, les couleurs inspirées de David Hockney entre autres.
Le duo se rencontre à un moment où leurs rêves de cinéma et de jazz semblent leur échapper des mains. Ensemble, Mia et Sebastian s’évadent, se soutiennent, se réalisent, évoluent dans une fable des temps modernes ancrée dans une ville atemporelle. Côté bande son, on vous met au défi de ne pas fredonner City of Stars pendant trois semaines après le visionnage, et surtout, de ne pas en redemander.
Nous en tout cas, on fonce le (re)mater.